La broderie de Vieux Fort : Un patrimoine qui se meurt

Il doit rester une dizaine de brodeuses autour de l’association mais très âgées et aucune professionnelle. Il y quatre ans, après le cyclone Maria, tous les politiques s’étaient regroupés au chevet des brodeuses. Mais quatre ans après, elles sont deux à attendre sans que rien ne vienne

Une photo qui relève désormais des archives et peut-être même un jour, des souvenirs. Parce que, si rien n'est fait, on parlera bientôt au passé des brodeuses de Vieux Fort. 

La tradition de la broderie à Vieux Fort est une longue et vielle histoire maritime. Clle de marins et de leurs femmes arrondissant leur fin de mois, quand le poisson ne donnait plus.
Comme en Bretagne les religieuses ont appris alors aux femmes et aux hommes la broderie qui connut son heure de gloire. 

Les brodeuses de Vieux Fort remportèrent même des prix à la Foire de Paris en 1965. Leurs nappes et leurs napperons sont rentrés dans le mobilier national, cadeaux officiels pour les premiers ministres et président de la République.

Elles avaient leur centre dans le Fort l'Olive, près du phare. Mais le cyclone Maria a détruit la petite maison dans le Fort qui appartient au Conservatoire du Littoral, Conservatoire qui ne souhaite pas reconstruire la maison. 
Il y avait une salle d'exposition et un atelier, centre de formation. 

Elles sont deux aujourd'hui à se regarder tristement dans une petite salle prêtée par la municipalité. Elle est ouverte depuis une semaine.
Cela fait quatre ans, depuis le cyclone qu'elles attendent la résurrection, le miracle : un centre de formation pour adulte, pour métiers d'art, des subventions pour installer une école de broderie pour demander des modernisation du marketing, mais rien !

Elles sont deux dans la petite salle, elles vont arrêter, disent-elles. Vieux-Fort pourrait bien perdre ses brodeuses et la Guadeloupe, un sacré morceau de son patrimoine.
Les politiques leur promettent bien des réunions, des projets, des conventions, mais rien de concret. 
Et elles se sentent fatiguées, âgées, désespérées. Il s'agit aussi de pérenniser cet art en associant comme autrefois, les mères et les filles. Mais, hélas, les filles devenues mères ne restent pas forcément dans la commune et les filles d'aujourd'hui, comme celles des autres communes, ont bien d'autres activités et n'en sont plus à vouloir faire survivre une tradition artisanale. 
Alors, les brodeuses d'aujourd'hui sont bien seules et de moins en moins soutenues. 

La tradition maritime des brodeuses de Vieux Fort pourrait bien se finir en naufrage, le temps passe si vite.
Marie-Josée Fisher, présidente de l’Association et  Carole Michineau brodeuse

Marie-Josée Fisher, présidente de l’Association et  Carole Michineau brodeuse


Et comme "Soeur Anne", les gardiennes de la tradition brodent en attendant de voir si quelque chose vient enfin à elles.