Les Brodeuses de Vieux-Fort toujours dans l’attente d’un local

Brodeuses de Vieux-Fort : toujours dans l'attente d'un local ©Thierry Philippe - Guadeloupe La 1ère
Les brodeuses de Vieux-Fort sont toujours dans une salle municipale. Depuis le passage de l’ouragan Maria, elles espèrent leur retour au Fort l’Olive, site qu’elles occupaient depuis 40 ans, où elles recevaient les visiteurs, exposaient leurs ouvrages et animaient des ateliers de confection. Mais, depuis six ans, leur nombre se réduit à peau de chagrin ; elles sont sont plus qu’une vingtaine dans l’association et peinent à intéresser et transmettre leur savoir-faire.

Les Brodeuses de Vieux-Fort sont les gardiennes d’une tradition perpétuée depuis plusieurs décennies, voire plusieurs siècles. Dès les années 1960-1970, reconnues pour leur savoir-faire, celles qui ont institué cette activité ont vu leurs confections partir dans l’Hexagone, en tant que cadeaux faits à des dignitaires. Elles avaient même remporté des prix à la Foire de Paris, en 1965. Antérieurement, la vente des napperons, nappes, draps, robes et corsages servait à arrondir les fins de mois des épouses de pêcheurs. Mais ce serait au début de la colonisation que cet art aurait été importé dans l’archipel, quand des orphelines ont traversé l’Atlantique en vue d’être mariées à des Colons.

Désormais, les Brodeuses ne sont guère nombreuses, ni dans la fleur de l’âge. De surcroît, en septembre 2017, le Fort l’Olive, qui a été le siège de l’association de la Broderie et Arts Textiles de Vieux-Fort durant une quarantaine d’années, non loin du phare de Vieux-Fort, a été dévasté par l’ouragan Maria.

Depuis février 2018, les brodeuses bénéficient du prêt d’une salle de réunion municipale ; une solution provisoire qui s’éternise. Depuis six ans, elles n’ont plus le confort, ni l’espace qui leur permettait d’avoir une salle d’exposition, un atelier et une salle de formation.

On attend d’avoir un local, pour pouvoir réexposer nos ouvrages, pour revoir nos clients, les touristes et aussi faire des ateliers pour apprendre aux jeunes la broderie. On veut la perpétuer, on voudrait qu’elle continue. On ne sera pas là éternellement pour qu’elle continue.

Carole Michineau, membre de l’association des brodeuses de Vieux-Fort

La transmission est, de longue date, une de leurs principales préoccupations. Les Brodeuses tiennent à intéresser des jeunes à leur passion et leur enseigner comme réaliser les 70 points dont elles ont le secret. Il est même tout à fait possible d’en créer de nouveaux, pour étoffer le catalogue, affirme Carole Michineau.

Le catalogue des Brodeuses de Vieux-Fort comprend près de 70 points, dont elles ont le secret.

Mais ce patrimoine peine à séduire les nouvelles générations.
Tout de même, il y a Zoé, une jeune Abymienne de retour au pays :

Je suis revenue au pays il y a deux ans et tout le monde m’a dit qu’il faut absolument que je vois le travail des Brodeuses de Vieux-Fort. Et, quand je suis venue, j’ai été ébahie par leur travail et on m’a dit, qu’en plus, c’est un patrimoine complètement unique aux Antilles. Donc, j’ai décidé de venir apprendre avec elles et c’est génial, c’est à préserver absolument, c’est un savoir à transmettre à tout prix.

Zoé, apprentie de l’association des brodeuses de Vieux-Fort

Il appartient au Conservatoire du littoral, propriétaire du Fort L’Olive, de répondre aux attentes des Brodeuses, qui espèrent retrouver, un jour, ce site emblématique de leur activité.

REPORTAGE/
Reporter : Thierry Philippe
Monteur : Thierry Gayadine-Harricham
Mixeur son : Cannelle Aimé