Une cérémonie commémorative s'est tenue dimanche (26 janvier 2025), en hommage à Yance, un chef kalinago tué par les premiers colons français. Les participants se sont réunis à la Pointe des Trois Flèches, à Vieux-Fort, théâtre de la tragédie qui s’est jouée il y a exactement 389 ans.
Yance a été massacré alors qu’il tentait de résister aux assauts des Européens.
Ils ont eu la prétention de prendre le pays des mains des Kalinagos, en particulier la zone la plus avantageuse, la plus prolifique : la zone Sud, Basse-Terre/Trois-Rivières/Vieux-Fort.
Raymond Gama, historien [Traduction du créole]
D’abord, Yance avait tenté de mettre les siens à l’abri de l’ennemi, prioritairement les femmes et les enfants.
Les Kalinagos sont un peu avertis. Ils font partir les femmes dans un camp retranché et restent là. Yance, qui est un chef de tribu, avec ses fils, est dès lors attaqué, parce que les femmes ne reviennent pas, puisqu’ils avaient demandé d’aller les chercher.
Julien Mérion, politologue au Centre d'analyse géopolitique et internationale (CAGI) de l'Université des Antilles (UA)
C’est dans ce contexte qu’un coup de poignard est assené à Yance. Il a été achevé, à coups de pagaie sur la tête, alors qu’il tentait de rejoindre sa pirogue.
Cette histoire est rappelée annuellement, depuis trois ans. Cette fois, c’était en présence d’Anette Thomas-Sanford, la chef des Kalinago de la Dominique.
Pour moi, c’est un moment très agréable. Au début, avant que je ne vienne ici, j’écrivais mon discours et cela m’a attristée de savoir comment Yance a été tué. Puis, j’ai réfléchi à mon travail, en tant que Kalinago et à ma bataille, pour mon peuple. Envoyer des fleurs pour Yance, cela m’a inspiré en tant que Kalinago, pour représenter mon peuple du mieux que je peux.
Anette Thomas-Sanford, chef des Kalinago de la Dominique [traduction de l'anglais]
L’occasion de se poser une question : que reste-t-il aujourd’hui de l'époque où les Kalinagos vivaient en Guadeloupe ?
Nous-même qui faisons des allers-retours sur les terres d’Afrique, nous oublions que nous sommes tous sur les terres des Kalinagos. Il ne faut pas oublier cela.
Fred Démétrius, président du Mouvman Kilitirèl Voukoum
Fred Démétrius milite pour que ce peuple, cantonné dans certains pays de la Caraïbe dans des réserves, puisse circuler librement, d’un Etat à l’autre, sans visa, sur les terres de leurs ancêtres.
REPORTAGE/
Rédactrice : Marie-Lyne Plaisir
Reporteur d’images : Christian Danquin
Monteur : Frédéric Fidelin
Mixeur : Steeve Lancastre