Bavure policière ou simple accident ? Les circonstances de la mort de Claude Jean-Pierre sont troubles

Le 3 décembre dernier, Claude Jean-Pierre, originaire de Deshaies, décède treize jours après avoir été pris en charge par les secours, suite à un contrôle de la gendarmerie. Sa famille se bat pour faire la lumière sur les circonstances de son interpellation.

Si le cadre général est posé, plusieurs pièces essentielles du contexte de l'interpellation de Claude Jean-Pierre manquent encore. Sa famille a décidé de rassembler tout le puzzle.

Ce que l'on sait

Claude Jean-Pierre aurait été contrôlé par la gendarmerie le 21 novembre à 14h dans le centre ville de Deshaies. Quelques instants après, les secours sont appelés par les gendarmes pour un malaise et l'homme est pris en charge par le SMUR.

À son arrivée au CHU de Pointe-à-Pitre, les secours lui constatent une double fracture des cervicales et l'une d'entre elle lui compresse la moelle épinière. Il présente aussi plusieurs hématomes au visage. Sa famille se dépêche alors sur place pour le soutenir.

Je vis en France avec mon compagnon. Quand on m'a contacté pour me mettre au courant de l'état de mon père, je suis venue en Guadeloupe le 25 novembre pour l'accompagner.

Fatia Alcabelard - fille de Claude Jean-Pierre

Claude Jean-Pierre est opéré le 24 novembre 2020 et semble sorti d'affaire, même si les médecins évaluent encore mal les dommages causés par la fracture sur sa moelle épinière. Mais le 3 décembre, il décède.

Ce que l'on ne sait pas

Il n'y a eu aucun moment de latence entre le contrôle de la gendarmerie et la prise en charge par les secours. L'homme ne s'est pas rendu ailleurs, où il aurait pu être victime d'un accident. Dès lors, tous les doutes convergent sur les conditions du contrôle de la gendarmerie.

Sa famille portera plainte contre les gendarmes tout de suite après son décès. Durant les formalités juridiques, elle apprend que toute la scène de l'interpellation a été filmée par les caméras de surveillance de la ville et engage une procédure afin de visionner ces images. Pour l'heure, aucune réponse ne lui a été donnée. Toutefois, ce n'est pas le seul recours dont elle dispose.

Nous avons rendu l'affaire publique afin de trouver des témoins de la scène. Nous voulons que les gens parlent sur ce qui s'est passé pour nous aider à comprendre.

Fatia Alcabelard - fille de Claude Jean-Pierre

 

Aujourd'hui, la fille de Claude Jean-Pierre milite pour la saisie de l'IGGN et la suspension des gendarmes qui ont mené le contrôle et comprendre enfin ce qui a causé la mort de son père. Le procureur de la République de Basse-Terre a  annoncé suivre de près l'affaire. Une autopsie a été demandée pour identifier les causes du décès.

La famille de la personne décédée, accompagnée de son avocat, a été reçue par mes soins et une information judiciaire du chef d'homicide involontaire a été ouverte le 10 décembre 2020. Un magistrat instructeur mène désormais des investigations en toute indépendance.

 

EN SAVOIR PLUS - La réaction de Maître Maritza Bernier, porte-parole du collectif d'avocats de la famille.