Jean-Paul Fischer, le directeur du Centre d’imagerie moléculaire de la Guadeloupe (CIMGUA), s’émeut d’une situation récurrente, dont on ne peut se satisfaire : une fois de plus, le site est contraint de suspendre ses activités, durant deux semaines, en l’absence d’un membre clé du personnel. Un radiopharmacien, manquant à l’appel depuis hier (mardi 27 février 2024), n’a pas été remplacé,
Une absence totale d’anticipation
Le Centre hospitalier universitaire (CHU), dans le cadre de sa mission, "est tenu d’assurer la continuité de service public", rappelle Jean-Paul Fischer, qui déplore aussi que "cette situation se reproduise à nouveau, comme l’année précédente, par défaut d’anticipation".
C’est récurrent. Ça nous est arrivé en 2021, parce qu’il [le radiopharmacien] est parti en congé, en 2023 parce qu’il est parti en congé maladie. Je ne suis pas agacé. Je considère simplement que nous n’assurons pas le service public à destination de la population guadeloupéenne et des patients (...). Là, il y a un manquement grave, il y a une absence totale d’anticipation, qui posent problème au niveau de l’éthique médicale.
Jean-Paul Fischer, directeur du CIMGUA
À ce jour, la direction de l’hôpital universitaire n’a apporté aucune réponse aux différentes interpellations du CIMGUA, déplore son directeur, qui n’a de cesse de pointer du doigt le problème.
Le CHU ne compte qu’une radiopharmacienne, contre quatre en Martinique ; en cas d’absence de cette-ci, aucune solution n’existe. Aucun recrutement n’est, pour l’heure, envisagé.
On va vous expliquer que la démographie médicale, aujourd’hui, ne le permet pas et qu’ils n’ont pas trouvé. Mais, dans ce cas-là, on trouve une solution B : on passe une convention avec un CHU de métropole ou avec un CHU de la Martinique, pour effectivement, en cas de difficulté, avoir une possibilité de remplacement.
Jean-Paul Fischer, directeur du CIMGUA
Le CHU confirme que le radiopharmacien normalement affecté au cyclotron a déposé, hier, un congé maladie, valable jusqu’au 10 mars prochain. L’hôpital déplore par ailleurs la difficulté à recruter ce type de spécialiste.
L’actuelle suspension d’activité du CIMGUA intervient au lendemain d’une période de maintenance annuelle, qui avait duré deux semaines.
Des répercussions graves pour les patients
C’est un coup dur, pour les patients de Guadeloupe, puisque le CIMGUA abrite notamment le cyclotron, un accélérateur de particules qui s’avère être un outil majeur pour la détection des cancers.
Au total, durant la période de suspension, 213 patients ne bénéficieront pas des examens dont ils ont "impérativement besoin", explique Jean-Paul Fischer ; leurs rendez-vous ont été annulés.
Lorsque vous êtes en traitement, votre praticien vous prescrit un examen, qui permet de contrôler l’évolution de votre pathologie. Même chose pour quelqu’un qui est en suspicion de cancer ; il a besoin de savoir, dans les meilleurs délais.
Jean-Paul Fischer, directeur du CIMGUA
Le besoin de réponse médicale technique et précise est donc prépondérant, en ces temps où les pathologies cancéreuses progressent au sein de la population.