CANNE. L’Appel du préfet de la Guadeloupe : "On ne peut pas se permettre, cette année, que la campagne démarre en retard"

Xavier Lefort, préfet de la région Guadeloupe
Tous les acteurs de filière canne pâtiraient tous d’un retard pris dans le démarrage de la campagne sucrière 2024, prévu le 1er mars prochain ; tel est le cri d’alarme lancé par le préfet de la région Guadeloupe, dans le contexte actuel de crise. Des planteurs dénoncent leurs faibles revenus et envisagent de bloquer la sucrerie de Gardel, pour faire entendre leur détresse. Seulement voilà, la stabilité du secteur est fragile, explique Xavier Lefort, qui appelle à l’apaisement et à la poursuite du dialogue.

Depuis plusieurs jours, le préfet de la région Guadeloupe s’attelle à rencontrer et échanger avec l’ensemble des acteurs de la filière canne-sucre.
Invité de Christelle Théophile, dans le journal télévisé "Guadeloupe Soir" de Guadeloupe La 1ère, hier (2 février 2024), il a tenu à rappeler la fragilité du secteur, financièrement parlant.

On est sur une filière dont la rentabilité est fragile ; ce n’est pas récent, ce n’est pas nouveau. 80% du prix sont issus d’aides publiques et 60% sont des aides de l’Etat.

Xavier Lefort, préfet de la région Guadeloupe

Autre réalité, selon le représentant local de l’Etat : les petites exploitations de 3 à 4 hectares ne peuvent nourrir leur homme, à raison d’une récolte moyenne de 40 tonnes par hectare.

Dans ce contexte, les efforts déployés l’an dernier, par le biais de la signature de la convention canne 2023-2028 sont qualifiés de "très substantiel", par Xavier Lefort, qui explique que l’augmentation de 30% du prix de la tonne de canne représente 10 millions d’euros injectés dans la filière.
S’ajoute cette année 1,90€ par tonne, sur la prime bagasse, selon l’annonce faite vendredi par l’Etat et les collectivités locales.

Les 160€/t exigés par les planteurs mobilisés, correspondent à une demande hors sol, de l’avis du préfet.

On ne peut pas aller plus loin. 160€, ce n’est pas atteignable économiquement, sans compromettre l’avenir de la filière. 160€/t, c’est au total 25 millions d’euros de plus qu’il faudrait engager sur la filière. Ces 25 millions, personne ne les a : l’Etat ne les a pas, les collectivités publiques ne les ont pas, la profession ne les a pas, les industriels ne les ont pas.

Xavier Lefort, préfet de la région Guadeloupe

Quant à l’autre revendication du KDA, à savoir plus de transparence dans l’évaluation de la richesse saccharimétrique des cannes livrées, Xavier Lefort propose l’intervention d’experts.

Il appelle, pour le long terme, à une restructuration de la filière canne, pour sortir de la "course au prix".
À court terme, "la discussion est toujours ouverte".

À (re)voir l’interview complète du préfet de la région Guadeloupe :

Crise dans le secteur de la canne : l'appel du préfet Xavier Lefort - 26/02/2024. ©Guadeloupe La 1ère