Depuis plusieurs jours, le préfet de la région Guadeloupe s’attelle à rencontrer et échanger avec l’ensemble des acteurs de la filière canne-sucre.
Invité de Christelle Théophile, dans le journal télévisé "Guadeloupe Soir" de Guadeloupe La 1ère, hier (2 février 2024), il a tenu à rappeler la fragilité du secteur, financièrement parlant.
On est sur une filière dont la rentabilité est fragile ; ce n’est pas récent, ce n’est pas nouveau. 80% du prix sont issus d’aides publiques et 60% sont des aides de l’Etat.
Xavier Lefort, préfet de la région Guadeloupe
Autre réalité, selon le représentant local de l’Etat : les petites exploitations de 3 à 4 hectares ne peuvent nourrir leur homme, à raison d’une récolte moyenne de 40 tonnes par hectare.
Dans ce contexte, les efforts déployés l’an dernier, par le biais de la signature de la convention canne 2023-2028 sont qualifiés de "très substantiel", par Xavier Lefort, qui explique que l’augmentation de 30% du prix de la tonne de canne représente 10 millions d’euros injectés dans la filière.
S’ajoute cette année 1,90€ par tonne, sur la prime bagasse, selon l’annonce faite vendredi par l’Etat et les collectivités locales.
Les 160€/t exigés par les planteurs mobilisés, correspondent à une demande hors sol, de l’avis du préfet.
On ne peut pas aller plus loin. 160€, ce n’est pas atteignable économiquement, sans compromettre l’avenir de la filière. 160€/t, c’est au total 25 millions d’euros de plus qu’il faudrait engager sur la filière. Ces 25 millions, personne ne les a : l’Etat ne les a pas, les collectivités publiques ne les ont pas, la profession ne les a pas, les industriels ne les ont pas.
Xavier Lefort, préfet de la région Guadeloupe
Quant à l’autre revendication du KDA, à savoir plus de transparence dans l’évaluation de la richesse saccharimétrique des cannes livrées, Xavier Lefort propose l’intervention d’experts.
Il appelle, pour le long terme, à une restructuration de la filière canne, pour sortir de la "course au prix".
À court terme, "la discussion est toujours ouverte".
À (re)voir l’interview complète du préfet de la région Guadeloupe :