La rencontre de ce mardi 27 février 2024, entre les adhérents et sympathisants du Kolèktif des Agriculteurs (KDA) et la direction de l’usine Gardel, à Moule, n’a pas permis d’apaiser les tensions.
C’est avec des intentions pacifiques que les planteurs de canne mobilisés se sont rassemblés devant les grilles de la sucrerie, tôt dans la matinée. Ils demandaient à être reçus par le directeur, afin de négocier à la hausse les revenus que leur verse l’usinier.
Les acteurs du KDA refusent de poursuivre leur activité dans la continuité de la campagne sucrière de l’an dernier.
Sur la base d’études d’experts, les agriculteurs remontés estiment à 160€ le juste prix de la tonne de canne ; un tarif qu’ils veulent fixe.
Pour l’heure, en Grande-terre et en Basse-Terre, ils touchent, au mieux, 109€, en fonction de la richesse saccharimétrique de la production ; soit 30% de plus qu’auparavant tout de même, selon les termes de la nouvelle convention canne 2023-2028.
Mais payer 160€ la tonne, pour les opposants au collectif, dont Gardel, reviendrait à signer la faillite de la filière.
S’ils n’obtiennent pas satisfaction, les planteurs contestataires entendent entraver le démarrage de la saison 2024, qui doit débuter le 1er mars prochain.
KDA et usinier se séparent dos à dos
Le patron de Gardel, Nicolas Philippot, est venu à la rencontre des manifestants, à l’extérieur de l’usine, ce matin. Le moins que l’on puisse dire, c’est que chacun campe sur ses positions. La discussion, qui s’est traduite par un dialogue de sourds, a tourné court.
Sur les 109€, il y 32,34 e assujetti à la richesse. Tout le reste, c’est soit de l’aide surfacique, soit de l’aide au tonnage... et les 6,25€ que j’ai rajoutés l’année dernière ne sont pas assujettis à la richesse (...)
Nicolas Philippot, directeur général délégué de l’usine de Gardel
Nous ne pouvons plus continuer à produire à perte pour toi ! Es-tu d’accord qu’on s’assoie autour d’une table pour fixer un prix plancher ? Sinon, il n’y aura pas de récolte !
Roméo Meynard, président de la SICA UDCAG et membre du KDA
C’est dit : le collectif de planteurs risque fort de durcir le ton.
Menace sur la campagne sucrière 2024 ?
Les autres acteurs de la filière canne-sucre craignent que la campagne sucrière 2024 soit retardée, comme l’an dernier. En 2023, le retard avait été lourd de conséquences pour tous, au regard des tonnages de cannes restées sur pied et des faibles revenus enregistrés par chacun.
Le calendrier est arrêté en fonction du cycle végétatif de la canne et la récolte doit avoir lieu au moment du pic de teneur en sucre de la production.
Forcément, s’il y a un blocage, il y aura des impacts. S’il n’y a pas de blocage et qu’ils ne participent pas à la récolte, ça aura moins d’impact (...). Les richesses sont excellentes cette année donc, si on coupait la canne maintenant, ça se ressentirait immédiatement dans leur revenu (...). Il y a trop de chiffres totalement erronés qui circulent dans les campagnes (...).
Nicolas Philippot, directeur général délégué de l’usine de Gardel
Le directeur de Gardel considère que les petits planteurs ne peuvent pas gagner de l’argent dans ce domaine-là, sur une superficie de 5,40 hectares. Donc, très clairement, on a rompu la conversation.
Wilhem Monrose, un des porte-parole du KDA
Les planteurs du Kolèktif des Agriculteurs doivent donc se concerter pour décider de la suite à donner à leur mouvement.