CANNE. Pas de signature de protocole ce vendredi, les planteurs font une contre-proposition

Jeudi, tous les protagonistes de la filière Canne étaient autour de la table des négociations ; pas ce vendredi.
Le compte n’y est pas encore, pour les planteurs mobilisés, qui affirment ne plus pouvoir vivre de leur métier, du fait des faibles revenus qui leur sont versés. Aux abonnés absents ce vendredi, à Saint-Claude, où les attendaient le préfet et les autres acteurs de la filière canne, ils n’ont pas signé le protocole de fin de conflit. Les propositions faites, mises par écrit à leur demande, ne répondent pas à leurs exigences. Ils ont répondu par une contre-proposition.

La dernière initiative pour mettre fin au conflit au sein de la filière canne-sucre a capoté... pour le moment. Aucun représentant de l’intersyndicale mobilisée n’a répondu présent. Ces planteurs exigeaient l’augmentation du prix de la tonne de canne, soit 120€/tonne sans condition de richesse saccharimétrique durant 3 ans.
Les dernières propositions de leurs interlocuteurs ne les ont pas convaincus.

La Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) confirmait pourtant, en début d’après-midi de ce vendredi 22 mars 2024, qu’une réunion devait se tenir dans ses locaux de Saint-Phy, à Saint-Claude, pour la signature d’un protocole de fin de crise. Cette réunion avait été annoncée hier, par le préfet, après formulation de propositions à l’attention des planteurs contestataires.

À LIRE AUSSI : CANNE. Réunion de la dernière chance, pour des propositions à étudier par les planteurs mobilisés – 21/03/2024.

Au final, seuls l’Interprofession guadeloupéenne pour la canne à sucre (IGUACANNE), l'Union des producteurs agricoles de la Guadeloupe (UPG), l’usinier (la sucrerie Gardel), l’Etat et les collectivités étaient représentées. Or, toutes ces parties militent, d’une même voix, pour le démarrage rapide de la Campagne sucrière 2024, qui accuse un retard, lourd de conséquences, de 22 jours.

Les planteurs mobilisés sont, eux, retournés devant l’usine du Moule, site de leur mouvement de contestation.
Ils ont formulé, à leur tour, une contre-proposition, en vue d'une nouvelle rencontre d'ici lundi.

En outre, ils déplorent le fait que cinq d’entre eux font l’objet d’une plainte déposée devant le tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre, par le directeur de Gardel, qui dénonce le blocage de l’unité industrielle : Roméo Meynard (UDCAG), Wilhem Monrose et Eugène Mardivirin (KDA), Alexandre Mausse (FDSEA) et Grégory Titus (CR).

Des propositions qui ne font pas mouche

L’État, le conseil régional, le conseil départemental et la chambre d’agriculture s’engagent à réviser la formule de calcul du prix de la tonne de canne, pour des conclusions annoncées avant la fin du mois de juin 2024 et, par ailleurs, à expertiser le protocole de mesure de paramètres de la canne.
Le modèle économique de la filière canne doit aussi être redéfini, pour les prochaines campagnes.
L’aide à la garantie de prix (AGP) ne peut pas être inférieure à 40 euros par tonne, pour les 1000 premières tonnes ; ce qui équivaut à une neutralisation de l’effet des basses richesses.
Autre promesse : la mise en place d’un mécanisme d’intéressement à la valeur, par Gardel, pour un versement à la clôture de l’exercice comptable.

La sucrerie Gardel s’engage à étudier avec l’aide des partenaires publics, la mise en place d’un mécanisme d’intéressement à la valeur, inspiré du modèle de La Réunion, basé sur une approche en deux volets : écriture d’une formule de partage du résultat de l’exercice dès 2024 au-dessus d’un seuil à définir, avec une première tranche de redistribution à hauteur de 1/3 du résultat de l’exercice dépassant ce premier seuil, et d’une deuxième tranche de redistribution à hauteur de la moitié du résultat de l’exercice dépassant ce second seuil.

Extrait de la synthèse des propositions des parties : Etat, Région, Département, Chambre d’agriculture, Usinier

Le document, qui précise des propositions déjà maintes fois formulées, est resté lettre morte, ce vendredi.

À noter que, les planteurs mobilisés ayant un temps déserté l’accès principal de l’usine Gardel, les balances ont été ouvertes et des camions de canne ont pu être livrés sur place, depuis hier.