Pour les planteurs Guadeloupéens de cannes-à-sucre, l’heure est au bilan de la récolte 2023 et, parmi leurs interrogations, ils s’inquiètent des aides auxquelles ils auront droit. Qu’en sera-t-il pour les cannes coupées et, par ailleurs, pour celles restées sur pied ?
Aide pour les cannes livrées
Le 4 août dernier, soit dix jours avant la fin de la campagne canne-sucre, le montant de l’aide au tonnage de cannes livrées aux centres de réception a été publié au Journal officiel.
L’enveloppe globale, pour la Guadeloupe, s’élève à 2.460.016,99 euros.
Une nouveauté : la compensation des surcoûts de production
Outre cette aide au tonnage, il y a aussi une nouvelle aide à la compensation des surcoûts de production des planteurs. Celle-ci sera appliquée pour la première fois, pour cette campagne 2023. Elle résulte d’un long combat des planteurs de cannes-à-sucre de Guadeloupe, de Martinique et de la Réunion.
La France et l’Union européenne ont finalement accordé ce nouveau coup de pouce, pour faire face aux surcoûts des productions locales, par rapport à la puissance de l’industrie du sucre de betteraves de l’Hexagone.
L’Union pour le développement cannier et agricole de la Guadeloupe (UDCAG) va faire le lien entre les producteurs et la Direction de l’alimentation de l’agriculture et de la forêt (DAAF). Cette nouvelle aide représente 447 euros maximum par hectare déclaré en 2022, si le planteur livre toutes ses cannes à la sucrerie ou à une distillerie. À défaut, elle sera modulée, en fonction de la livraison ; un savant calcul, pour déterminer la proportion de tiges livrées, sera effectué par la DAAF. L’attestation d’achat de canne fournie par la sucrerie ou la distillerie fera foi.
En janvier 2023, une enveloppe de 4,6 millions d’euros avait été arrêtée, pour notre archipel. Elle est destinée aux petits et moyens planteurs, étranglés par les surcoûts liés à l’inflation et aux conséquences, entre autres, de la crise Covid. Ces professionnels ont dû faire la demande, au préalable, en début de campagne. Les conditions d’éligibilité sont strictes ; il faut avoir livré des cannes en 2023, avoir effectué sa déclaration de surface cannes en 2022, être à jour de ses obligations sociales et fiscales de l’an dernier.
Une nouvelle étape s’ouvre, avec la récente fin de campagne. Les planteurs concernés doivent déposer de nouvelles pièces, avant le 31 octobre prochain.
L’aide sera versée directement au planteur, par l’agence de service et de paiement, en février 2024, une fois le dossier validé par la DAAF.
Des aides pour les cannes restées sur pied ?
Mais qu’en est-il pour les cannes qui n’ont pas eu le temps d’être récoltées. Restées sur pied, elles représentent un manque à gagner important, pour les producteurs concernés, jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Certains n’ont même pas gagné de quoi couvrir leurs frais d’exploitation de l’année.
20 à 30.000 tonnes sont concernées, selon la première estimation de l’Iguacanne (interprofession guadeloupéenne pour la canne à sucre) ; un tonnage bien supérieur au 5% de pertes habituelles.
Que comptent en faire les planteurs ? Parmi les solutions, il est possible de livrer les cannes à une distillerie, ou d’en faire des plants. Sinon, il faudra détruire le reste de la récolte.
Une fois les différentes parcelles répertoriées, par de l’Iguacane et les Société d'intérêt collectif agricole (SICA), la question d’un accompagnement, notamment financier, pourra être évoquée.
À (re)voir le reportage d’Alexandre Houde et Olivier Duflo :