Chlordécone : des solutions pour la décontamination des sols mais irréalisables faute de moyens

"Le zéro chlordecone, on y arrivera pas", c’est l’une des déclaration faite par un chercheur de l’Institut Méditerranée de biodiversité et d’écologie marine et continentale lors d'une audition au Sénat. De nouvelles solutions de décontamination des sols ont été présentées, mais trop coûteuses.

"Un monstre chimique" aux yeux de tous les scientifiques entendus, mais la recherche scientifique a fortement progressé pour lutter contre le chlordécone, ont expliqué les chercheurs auditionnés la semaine dernière au Sénat, devant l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.

Outre les techniques déjà largement connues pour lutter contre les pesticides (charbon actif dans l’eau potable, limitation de la zone de pêche, décontamination du bétail avant abattage), ils ont présenté les solutions de décontamination des sols, dont certaines irréalisables, faute de moyens.

"Le zéro chlordécone, on y arrivera pas", c’est l’une des déclarations faites par un chercheur de l’Institut Méditerranée de biodiversité et d’écologie marine et continentale lors cette audition au Sénat.

Cette solution serait trop coûteuse a-t-il expliqué, puisqu’il faudrait, pour y arriver, utiliser un procédé d’extraction qui transforme le chlordécone avec du fer zéro-valent : coût de l’opération dans l’hypothèse où 20 000 hectares seraient contaminés : 3,2 milliards d’euros, pour ce qui est qualifié de chimiothérapie du sol jusqu’à 40 centimètres de profondeur.
Avec pour résultat, une réduction de 68% du chlordécone en 3 mois et la possibilité d’y faire pousser des cultures vivrières.

Face à cette possibilité jugée efficace mais trop chère, une partie des recherches scientifiques s’est orientée vers la séquestration du chlordécone, trop difficile à extraire des sols argileux comme les nôtres, avec du compost, ce qui permettrait de réduire par 6 le risque de contamination des cultures.

Autre solution envisagée, sa dégradation par une bactérie spécifique, avec là aussi pas assez d’études, faute de budget...

Des pistes et du savoir scientifique donc, malgré tout, a rappelé une chercheur du CIRAD, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, il s’agit toujours d’une pollution persistante qui finit dans l’assiette des Antillais.