Christophe Latchman ou la réconciliation de l'agriculture et la biodiversité

Christophe Latchman, a remporté vendredi 19 décembre dernier, le concours Agreen Startup. Le prix, créé par la Région, récompense les initiatives agro-écologiques et vient confirmer sa volonté d’investir dans le changement des pratiques de culture.

Christophe Latchman a eu 4 minutes pour convaincre le jury. Une entreprise difficile, quand, de son propre aveu, les treize projets en lice se valaient. Mais son atout, il a su le tirer de son expérience professionnelle. Il veut faire de sa ferme une installation pilote pour les pratiques de transition écologique, et cela, de manière complètement gratuite.

J’étais jeune agriculteur, et j’aide encore de jeunes agriculteurs à s’installer. Je veux rester dans cette démarche. Ma ferme, de toute façon, a toujours été un lieu de formation, de réflexion et d’échange.

Christophe Latchman

 

Rien ne se perd tout se transforme

Le projet Tricom’revive met en pratique l’agriculture agro-écologique afin de combiner production et reconquête de la biodiversité. La ferme est conçue comme un cycle vertueux où rien ne se jette mais tout se transforme pour le bien de l’écosystème et de la flore.

Il y a donc plusieurs projets en un. Christophe Latchman produit des cultures maraîchères, des fleurs, et un verger en permaculture depuis deux ans. En phase expérimentale, il y a le développement de la banane, en expansion, dont la culture est couplée à celle de l’ananas, du piment végétarien et du maracudja pour créer un écosystème où elle peut pousser sainement et en étant moins vulnérables aux parasites. Et puis, sur une partie des 6 hectares de forêt, la culture du café et du cacao.

Le démarrage de chaque culture se fait dans un seul but : préserver la biodiversité. Cela passe aussi par une diminution constante la dépendance aux intrants. Pour y arriver encore mieux, Christophe compte introduire l’élevage de volaille, poules pondeuses et à chair, afin que leurs fiantes fertilise la terre. À l’autre bout de la chaîne, la production végétale et les écarts de tri seront broyés pour servir de compléments alimentaire à la volaille.

La guêpe qui dit tout

Avoir les bonnes pratiques est une chose, mais encore faut-il vérifier qu’elles produisent leur effet. Pour s'en assurer, Christophe Latchman s’appuie sur son solide parcours universitaire.

J’ai toujours voulu comprendre comment on pouvait faire l’agriculture autrement. J'ai voyagé dans le but de voir comment on faisait ailleurs. C’est ainsi que je suis entré à l’université polytechnique de Pomona aux Etats-Unis où j’ai travaillé sur les insectes et leur impact sur l’environnement.

Au détour d'un cours, il apprend le nom de l'insecte qui est toujours le bienvenu dans une culture biologique. La micro-guêpe ne se développe que dans cultures non compromises par les intrants chimiques en raison de sa vulnérabilité aux pesticides. Sa présence est une preuve des bonnes pratiques culturales.

Le début d’une révolution

Le prix Agreen Startup n’est pas une fin pour Christophe Latchman, c’est le début d’une prise de conscience générale. En effet, pour celui, qui, dans sa jeunesse, a été témoin des ravages écologiques produits par la culture massive de la banane, le retour en grâce de l’agro-écologique est un marqueur fort.

Quand j’étais jeune, à Capesterre-Belle-Eau, on voyait l’épandage de pesticides commencer dès 6h du matin. Cela polluait tellement, que l’environnement se dégradait autour de nous à une vitesse incroyable. On retrouvait les films plastiques des régimes dans les rivières, c’était une catastrophe. Aujourd’hui, on a une opportunité de changer durablement les choses.

Le jeune homme veut rejoindre le rang des précursseurs et lanceurs d’alerte tels que Henri Joseph, afin d’être, lui aussi, un des acteurs du grand virage de l’agriculture. Grâce à sa ferme référence, les jeunes agriculteurs qui s'installent pourront le faire en cohérence avec la biodiversité.