La prestigieuse université privée américaine Harvard a nommé à sa tête, jeudi 15 décembre 2022, la doyenne de sa principale faculté, en charge des sciences et des sciences sociales, Claudine Gay. Celle-ci devient ainsi la première présidente noire de l'institution.
Cela, dans le contexte de débat, à la Cour suprême, sur la discrimination positive pour les étudiants.
Une femme engagée et compétente
Fille d'immigrés haïtiens, professeure d'études africaines et africaines-américaines, Claudine Gay est considérée comme une spécialiste des politiques des minorités.
Mme Gay est une professeure et un mentor dévoué, dont les cours ont porté sur des sujets tels que la politique raciale et ethnique aux États-Unis, la politique des Noirs dans l'ère post-droits civiques, les comportements politiques américains et la citoyenneté démocratique.
Université Harvard (publication sur son site Internet)
Membre de l'Académie américaine des arts et des sciences, Claudine Gay a aussi fondé et dirigé l'Initiative sur les inégalités en Amérique à Harvard.
[C’est] un effort multidisciplinaire visant à dynamiser l'enseignement et la recherche de Harvard, sur les inégalités sociales et économiques.
Penny Pritzker, président du comité de sélection de la nouvelle présidente de Harvard
La discrimination positive dénoncée par les néoconservateurs
Cette nomination, intervenue après un processus de plusieurs mois qui a généré plus de 600 candidatures, est annoncée alors qu'Harvard, première au classement mondial des universités de Shanghai depuis vingt ans, est au cœur d'un débat majeur sur la discrimination positive au sein de la très conservatrice Cour suprême des Etats-Unis.
Saisie par un militant néoconservateur, la Cour avait consacré, le 31 octobre dernier, près de cinq heures d'audience aux procédures d'admission dans les plus vieilles universités privée et publique du pays, celles d'Harvard et de Caroline du Nord, qui prennent en compte la couleur de la peau ou l'origine ethnique de leurs candidats dans l'évaluation de leurs dossiers.
L'objectif est de corriger les inégalités issues du passé ségrégationniste des Etats-Unis et d'augmenter la part des étudiants Noirs, Hispaniques ou Amérindiens dans l'enseignement supérieur ; mais ces politiques ont toujours été critiquées, dans les milieux conservateurs, qui les jugent opaques et y voient du "racisme inversé".
La haute juridiction doit rendre sa décision, qui s'appliquerait à l'ensemble du pays, avant la fin juin 2023.
Claudine Gay, quant à elle, prendra ses fonctions le 1er juillet 2023 à l'université située à Cambridge, près de Boston.