La signature de l'adhésion de la Martinique à la Communauté des Caraïbes (CARICOM) marque une étape importante pour le territoire. Elle a eu lieu ce jeudi 20 février, à la Barbade, lors du quarante-huitième sommet de l'organisation régionale.
Il faut maintenant que le Parlement français ratifie le protocole "privilèges et immunités", signé par le ministre délégué à la Francophonie. Une étape indispensable afin que la Martinique devienne officiellement membre associé. Cela devrait prendre 6 mois à un an.
Serge Letchimy, le président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Martinique (CTM) a salué ce moment comme "émouvant et historique".
Nous allons retrouver, après plusieurs siècles, une position dans la Caraïbe, dans notre bassin maritime transfrontalier.
Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la CTM
Vingt et un pays font déjà partie de la Caricom. " Nous ne sommes plus seulement rivés vers l'Occident, l'Europe, nous sommes aussi ancrés dans une géographie antillaise", assure le président de la CTM.
Une dynamique régionale renforcée
L'adhésion à la CARICOM pourrait lever plusieurs obstacles, notamment en matière de commerce. Serge Letchimy pointe le déséquilibre entre certains pays des régions Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) qui bénéficient d'un accès facilité au marché européen, contrairement aux régions "ultra-périphériques", telle que la Martinique, qui sont "des espaces européens situés en dehors de l'Europe".
Ces derniers font face à des relations commerciales inégales. Cette intégration permettra de dynamiser les échanges commerciaux au sein de la Caraïbe et de favoriser une meilleure connectivité régionale.
Vers un modèle économique différent
Serge Letchimy plaide pour une révision du modèle économique traditionnel : "Si nous voulons véritablement importer des matières finies à proximité, il faut absolument créer un autre concept que celui du commerce triangulaire", explique-t-il. Pour lui, il faut se tourner vers un "triangle du progrès" qui relierait l'Europe, l'Afrique, et la Caraïbe.
Les promesses de l'accord
L'accord signé avec la CARICOM ouvre de nombreuses possibilités de coopération. À noter que pour certains domaines, la Martinique ne peut pas intervenir, car ce n'est pas un État indépendant. Cependant, l'accord permet au territoire de conclure des accords bilatéraux à l'intérieur de la communauté, notamment pour faciliter "la circulation économique et commerciale."
Toutefois, des améliorations restent nécessaires en matière de logistique et de connectivité. "Il faut renforcer les connexions numériques, aériennes et maritimes dans notre bassin", souligne le président du conseil exécutif.
Pour l'élu c'est "un chantier immense" qui s'offre à la Martinique et aux entreprises, permettant de renforcer les liens avec les pays voisins et favoriser une croissance régionale."On a ouvert une porte pour la jeunesse Martiniquaise qui portera ses fruits à partir du moment où on aura pris conscience qu'on est Européen, on est Français, mais on est d'abord Caribéen et Martiniquais", conclut Serge Letchimy.