La compagne du chanteur Suppa écope de 5 ans de prison

Samantha Lamarre écope de 5 ans de prison, dont un an avec sursis, pour avoir tué, il y a 4 ans, le chanteur de bouyon Suppa, son compagnon.
4 ans de prison ferme et un an avec sursis... Le verdict de la Cour d'assisses de la Guadeloupe est tombé tard hier soir, à Basse-Terre. Le jury a condamné la compagne du chanteur de bouyon Suppa. Elle était accusée de l'avoir tué en 2013 d'un coup de couteau en plein coeur, à l'issue d'une bagarre, au domicile conjugal du morne Lacrosse, à Pointe-à-Pitre. La cour n'a pas retenu l'intention de tuer. La victime, Lincoln Robin, était connue dans le milieu dancehall/bouyon sous le nom de Suppa. Il était fondateur du Gaza Crew, groupe d'artistes de bouyon.


Coupable d'avoir tué mais pas meurtrière

Oui, Samantha Lamarre s'est rendue coupable de violence, mais non, ce n'était pas un meurtre... Au terme de 2h30 de délibéré, les jurés se sont rangés derrière la thèse de l'avocat de la défense. Celle des violences ayant entraîné la mort, mais sans intention de la donner. Ils se sont donc largement écartés des réquisitions de l'avocat général qui réclamait au moins 12 années de réclusion criminelle. Pour en arriver à une telle conclusion, ils ont vraisemblablement tenu compte du contexte dans lequel évoluait le couple. Celui de bagarres et de disputes répétées depuis la naissance de leur premier enfant.
Durant 2 jours, à maintes reprises, l'accusée a décrit des scènes où les coups pleuvaient, parfois même avec des jets de pierres ou à l'aide deplanches de bois. Parfois même, alors qu'elle était enceinte... Parfois, devant les enfants... Jusqu'à en arriver au drame de mai 2013 que certains avaient pressenti bien en amont.

Pas d'appel

L'accusée qui comparassait libre, sous contrôle judiciaire est donc partie, hier soir, en prison. Mais avec une telle décision, son avocat a d'ores et déjà promis de trouver des voies et moyens sans faire appel pour qu'elle retrouve rapidement ses enfants de 6 et 8 ans.

L'avocat de la défense salue une décision juste

Cette décision de la Cour d'assisses satisfait donc pleinement l'avocat de la jeune femme, Me Jean-Marc Ferly. Il estime que la justice est passée :"Avec émotion, satisfaction, je trouve que c'est justice. Un homme est mort, ça vaut quelque chose. Une femme femme a subi des violences importantes qui l'ont conduit à un geste irréparable. Cela valait d'être pris en compte". Il a déclaré que c'était un "beau signal. A la fois pour dire qu'il ne faut pas que la vie soit prise. C'est un beau signal pour les femmes qui sont violentées. 216 000 femmes par an... C'est important, dont 16% seulement qui portent plainte. C'était ma vision du dossier dès le départ. J'ai été surpris qu'elle ne soit pas développée par l'avocat général. Moins surpris que la partie civile ait entendu faire payer la mort d'un fils. J'ai pu comprendre ça, mais on ne peut pas subir des violences telles qu'elle les a subies et qu'il n'y ait pas, à un moment donné, un réaction épidermique."

Pour la partie civile, l'intérêt des enfants primordial

Pour l'avocat de la famille de Suppa, la justice a tenu compte du fait que Samantha Lamarre ait 2 jeunes enfants à élever et aussi qu'elle ait demandé pardon à la mère de la victime. Même si pour Me Daniel Démocrite, il y avait bien volonté de tuer. Selon lui, le verdict s'explique par l'intérêt des enfants. "Il faut que les enfants vivent. Il faut les protéger. Et dès l'instant où elle avait décidé de se rapprocher des parents victimes, on peut comprendre cette décision. J'ai démontré que l'on ne peut pas se réfugier derrière son statut de femme, pour pouvoir au nom des violences conjugales, pouvoir tuer. Il fallait que ce soit dit. Il fallait qu'il y ait des conséquences. C'était un procès tendu. La décision nous montre qu'il y avait un débat".