Les jurys de l’édition 2024 du Concours Général Agricole 2024 inscrits pour évaluer les rhums et punchs, vanilles et miels tropicaux, avaient rendez-vous ce mardi 27 février à Paris, dans les immenses salles du hall 7 du Parc des expositions de la Porte de Versailles. Après avoir dégusté et noté les échantillons venus des différents territoires d’outre-mer, ils ont attribué un total de 23 médailles aux produits de la Guadeloupe, contre 16 l’an dernier. Dix de ces 23 récompenses sont en or, contre huit en 2023.
2ème médaille d’or pour Cédric Coutellier
Et c’est la vanille qui fait la différence. L’épice se voit donc décerner deux médailles d’or. L’une revient à Cédric Coutellier, dans la catégorie Planifolia, la vanille classique, la plus cultivée. Le producteur de Sainte-Rose, qui vend ses gousses depuis 2014, sous la marque Vanigwa (certifiée bio), avait créé la surprise en 2020, en offrant à la vanille de Guadeloupe sa première médaille dans ce concours où elle participait pour la première fois. Quatre ans après, l’exploitant agricole confirme son niveau d’excellence. Il était face à neuf concurrents, de Guadeloupe, Réunion et Mayotte. Lorsque les résultats sont tombés, mardi soir, sur le site internet du CGA, il a livré sa première réaction, sur le stand de l’APAGWA (Association pour la promotion de l’agroforesterie en Guadeloupe), situé dans le « pavillon Guadeloupe » du hall 5-2, au Salon international de l’Agriculture :
J’avais envoyé quelque chose de très très bien ; on le fait tous les ans, mais on ne gagne pas tous les ans ! J’ai pris moins de risques que les autres années ; je n’ai pas voulu faire de fantaisies. J’ai préféré rester sur les valeurs sûres et ça a marché.
Cédric Coutellier, médaillé d’or en vanille planifolia
Deux médailles d’argent ont également été décernées dans cette catégorie de la vanille Planifolia, à deux producteurs de Mayotte. Aucun prix cette année en revanche pour la Réunion…
Dominique Buton, en version Pompona
La deuxième médaille d’or guadeloupéenne pour la vanille concerne la Pompona. Cette espèce rare, spécifique aux Antilles et à la Guyane, a été intégrée cette année au concours général agricole. Ils étaient quatre à présenter des gousses de « vanillon » ; deux producteurs de Guyane et deux de Guadeloupe : Cédric Coutellier, là encore, et Dominique Buton, installé sur 1 hectare à bouillante. L’ancien guide de canyoning s’est pris de passion pour cette vanille très fragile, qu’il cultive et fait sécher avec le plus grand soin. Résultat : une haute qualité, reconnue donc par les membres du jury, dont Julie Moutet, préparatrice de vanille à Mayotte :
Cette vanille s’est vraiment démarquée par rapport aux autres. On a noté une bonne tenue, une odeur un peu atypique, puis des arômes en bouche très agréables, avec des notes de réglisse et de pomme propres à la Pompona. C’était la seule vanille qui, quand on l’ouvrait, avait plein de graines.
Julie Moutet, membre du jury du concours de vanille pompona
Des critères à définir pour la suite
Ce premier concours pour l’espèce Pompona avait surtout valeur de test, pour les prochaines années. « Il nous faudra établir un descriptif pour guider les jurys sur ce qu’on attend d’une bonne vanille Pompona et de ses caractéristiques », explique Julie Moutet. « Nous avons encore du travail pour affiner le concours et nous permettre de juger les gousses selon le travail réalisé par les producteurs, et qu’on ne connaît pas forcément lorsqu’on est juré. Il faut donc caractériser les vanilles Pompona de façon plus officielle, pour savoir comment les noter, et que les jurés ayant l’habitude de la Planifolia ou de la Tahitensis, ne soient pas perdus »
Une seule médaille pour les miels
Les apiculteurs guadeloupéens, eux, sont globalement déçus. Bredouilles lors de la précédente édition, ils espéraient bien voir récompensé à Paris l’excellent cru récolté en 2023. Six d’entre eux ont présenté des miels cette année ; un seul a obtenu une médaille, d’argent, en miel tropical clair. Il s’agit de Jean-Claude Luce, d’Anse-Bertrand. C’est l’île de la Réunion qui a trusté les prix, avec quatre médailles sur les six décernées en miel tropical foncé.
6 médailles de plus en rhums et punchs
Les spiritueux, enfin, font mieux que l’an dernier, avec 20 médailles (14 en rhums et six en punchs), mais huit en or, comme en 2023. Dans les rhums, 10 des 14 médailles sont détenues par deux distilleries : Bologne et Bielle, avec chacune le même palmarès : deux médailles en or, deux en argent et une en bronze, réparties en rhums blancs et vieux. Le reste, c’est pour Reimonenq et Damoiseau, avec entre autres une médaille d’or pour chacune en brun ou vieux. Côté punchs et rhums arrangés, on relèvera les deux médailles d’or attribuées l’une à Madras ; l’autre à la jeune entreprise « Maison La Fumée » à Vieux-Habitants, dans la catégorie des « rhums arrangés avec dominance passion ».
C’est notre première création sur le s spiritueux fumés. On est très très satisfait, parce que pour moi, c’était un produit magique, qui avait surpris tous les consommateurs, avec des sceptiques. Et aujourd’hui, avoir la médaille d’or sur ce produit, c’est une récompense, qui nous donne aussi une crédibilité.
Marc Paturot, fondateur de " Maison La Fumée "
Quant aux grands absents, dans ces alcools forts, certains n’ont peut-être tout simplement rien envoyé cette année à Paris…