Création d'un mémorial de la dissidence à Trois-Rivières : l’un des derniers dissidents guadeloupéens est décédé jeudi

Pose de la première pierre du mémorial de la Dissidence à Trois-Rivières ce 16/08/24
« La Dissidence », c’est sous ce terme que les cadres du régime de Vichy aux Antilles qualifient l’opposition précoce des Martiniquais et des Guadeloupéens au programme et aux valeurs de l’État français dirigé par Philippe Pétain. De juin 1940 à juillet 1943, une partie de l’élite politique locale, des intellectuels, mais surtout des simples citoyens, multiplient les actes de résistance. Certains ont ainsi quitter les Antilles pour rejoindre les Forces Françaises Libres. La première pierre du Mémorial a été posée ce vendredi.

La cérémonie a commencé par une minute de silence. Alors qu'était célébré le 80ème anniversaire du débarquement en Provence, ce jeudi 15 août 2024, s'est éteint l'un des derniers dissidents, Eustase Jospitre, 101 ans, originaire de Trois-Rivières. C'est bien sûr par rapport à l'histoire et au parcours de cet homme qu'est né le projet de mémorial de la dissidence. À l’origine du projet, il y a un collectif d'associations patriotiques puis l'Etat, le Département et la commune l'ont porté jusqu’à sa réalisation. Le mémorial sera là pour rendre hommage à ces femmes et à ces hommes qui sont entrés en dissidence.

Minute de silence en hommage au dernier dissident guadeloupéen décédé le 15/08/24

De juin 1940 à juillet 1943

Une des formes de la résistance consistait à quitter les Antilles, à bord de légères embarcations comme les saintoises pour tenter de rejoindre les bureaux de recrutements des Forces Françaises Libres situés dans les îles anglaises voisines (la Dominique ou Sainte-Lucie). Une sélection est opérée en fonction de leurs compétences : les marins de carrière partent pour l’Angleterre rejoindre les Forces navales françaises libres ; les plus expérimentés rejoignent les Forces aériennes françaises libres au Canada, en Angleterre ou en Afrique du Nord, les unités d’élites ou l’École militaire des Cadets de la France libre en Angleterre.

Les femmes se mettent au service des bureaux de recrutement FFL, intègrent les Auxiliaires féminines de l’armée de terre ou le Corps des volontaires françaises ; d’autres encore sont affectées à des fonctions non combattantes (formations d’officiers, agent de liaison, recrutement de soldats pour la France libre).

Après le mois d’octobre 1942, les volontaires antillais ne vont plus en Angleterre mais aux États-Unis notamment à Fort Dix, immense camp d’entraînement d’une superficie égale à celle de la Martinique, situé dans le New-Jersey. Ils y reçoivent matériels et formation militaire. Cinq convois sont organisés entre le mois d’octobre 1942 et le mois de juin 1943 pour acheminer ces dissidents vers les États-Unis. Embarqués sur le S/S Oregon, ils regagnèrent l’Afrique du Nord pour ensuite participer aux différentes campagnes de libération de la France.

La pose de la première pierre

En pleine commémoration du débarquement en Provence, Trois-Rivières a donc choisi de commémorer ces dissidents. Préfet, Président du Département, Député de la 4ème circonscription et maire de Trois-Rivières étaient présents bien sûr pour poser la première pierre symbolique. Ne manquait qu'un seul homme, Eustase Jospitre, qui a quitté sa terre, hier.

  • Voilà à quoi ressemblera le mémorial de la dissidence :
Le projet de Mémorial de la dissidence à Trois-Rivières
  • Le montage financier du projet :
Les détails du financement du projet de mémorial