Crise Cannière : les distilleries tournent à plein régime

Crise cannière : les distilleries fument ©Eric Stimpfling - Guadeloupe La 1ère
Alors que la crise sévit au sein de la filière canne-sucre, les distilleries de l’archipel, elles, fonctionnent presque normalement. Celles-ci broient essentiellement des cannes issues de leurs propres plantations, mais aussi celles de quelques planteurs à proximité. A la distillerie Longueteau, à Capesterre-Belle-Eau, par exemple, ce sont 50 tonnes de cannes qui sont broyées chaque jour, depuis le 5 février. Damoiseau broie plus du triple quotidiennement.

Le panache de fumée est à peine perceptible, dans le ciel de Capesterre-Belle-Eau. Pourtant, la distillerie a bel et bien démarré sa campagne ; ce, depuis le 5 février dernier, soit 3 semaines avant la date officielle. L’explication est simple : chez Longueteau, on est certes distillateur, mais on est aussi et surtout planteur.

Pour l’instant, ce sont mes propres cannes. Par contre, j’ai une demande des planteurs de Capesterre, pour prendre un peu de cannes chez nous aussi. Grosso modo, ici, c’est 5500 tonnes chez nous et 1500 tonnes sur Capesterre.

François Longeuteau, directeur général de la distillerie Longueteau

Chez Damoiseau, au Moule, les semi-remorques font la queue, depuis lundi, devant la balance de la distillerie. Ici, les 30.000 tonnes de cannes broyées chaque année proviennent exclusivement des planteurs. De fait, le démarrage de la campagne a été un peu chaotique.
Ouverte le 19 février, la réception des cannes a ensuite été interrompue quelques jours plus tard, faute de matière première, avant de reprendre par intermittence.
Depuis 3 jours, la distillerie a presque retrouvé son rythme de croisière.

Suite au blocage des accès à Gardel, tous ceux qui voulaient livrer à Gardel sont venus chez nous livrer, de façon à ne pas perdre leur production et, naturellement, on a pris. Et, hier, nous avons même tourné un peu plus tard, parce qu’on ne pouvait pas laisser des cannes. Il faut les mettre à la place des planteurs, qui investissent leur temps, leur travail. Et, donc, on a tourné jusqu’à 17h00, de façon à broyer les cannes qui restaient devant la distillerie. Il y a 2 jours on était à 180 tonnes et, hier, on a frôlé les 300 tonnes.

Hervé Damoiseau, président de la distillerie Damoiseau

Pour autant, si la production a bien démarré dans les distilleries, les premiers retours sont médiocres. La richesse saccharimétrique est faible, la faute aux conditions climatiques. Or, qui dit moins de sucre, dit aussi moins de revenus pour les planteurs.

Ainsi, la campagne 2024 a démarré sous de biens mauvais auspices.

REPORTAGE/
Reporteur : Eric Stimpfling
Monteur : Sébastien Marchais
Mixeur : Gilbert Barnabot