Depuis plusieurs jours, le quartier de Barthel, dans les Grands-Fonds du Moule, est sous le choc. Le 13 novembre dernier, la mauvaise nouvelle a circulé comme une traînée de poudre. L'espoir a laissé place à la désolation. L'annonce du décès de Merick Mathoré, un enfant du coin, a ému tous les habitants.
"Il ne méritait pas ça"
Le jeune militaire guadeloupéen de 26 ans, a été violemment agressé, dans la nuit du 7 au 8 novembre dernier, par trois hommes, à l'extérieur d'une discothèque de Besançon. Le jeune homme souffrait de graves lésions au niveau du cerveau ayant "entraîné un œdème cérébral majeur", avait indiqué le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux. Plongé dans un coma artificiel, puis annoncé en état de mort cérébrale, Merick est décédé de ses blessures, 5 jours après avoir été roué de coups par trois individus.
C'est après avoir entendu un cri et avoir vu la mère du militaire s'effondrer que Marlène, une voisine, a appris sa disparition. Elle a tout de suite compris cette douleur, ayant elle-même perdu un enfant. "C'est très dur" reconnaît-elle.
La vie souriait à Merick. Il avait quitté la Guadeloupe, il y a un an et demi, pour s'engager auprès du 19ᵉ régiment du Génie, à Besançon. "Malheureusement, on lui a enlevé la vie", réagit avec tristesse et colère Marga Zami, l'une des grandes cousines du jeune homme. Elle s'interroge encore sur le climat de violence qui règne dans l'archipel comme outre-Atlantique. "La vie est injuste parfois" laisse-t-elle échapper et se dit "révoltée de voir que l'on tue quelqu'un comme ça".
Marga se souvient de son petit cousin, enfant discret qui parlait peu. "Je le voyais passer pour aller à l'école de Gascon... C'était un jeune gars bien, travailleur en plus. Il est parti de façon tragique. Il ne le méritait pas du tout".
L'incompréhension , c'est aussi le sentiment qui prime pour Clémence Mathoré, la grand-mère du jeune homme. Elle avoue avec émotion avoir beaucoup pleuré pour son petit-fils. "Cela m'a fait très mal. Il ne faisait rien à personne. Je ne comprends pas" conclut-elle.
Dès l'agression, la famille s'est rassemblée autour des parents de Mérick qui se sont rapidement rendus au chevet de leur fils.
Pour Rémy Cély, un autre cousin, ce drame est "un grand malheur". Lui aussi confirme : Merick était "un petit jeune prometteur qui ne cherchait pas les problèmes". Il a tenu à soutenir ses parents "qui ont travaillé dur pour assurer l'avenir de leurs fils".
Ce samedi, ils seront nombreux, aux côtés des proches, pour une marche au départ de l'église Saint Jean-Baptiste du Moule. Lundi, Merick Mathoré sera inhumé dans la commune.
L'enquête se poursuit
À Besançon, deux jeunes hommes âgés de 19 ans - l'un d'entre eux n'était pas connu de la justice mais l'autre avait des antécédents. Il a déjà fait l'objet de six condamnations dont deux pour violences - ont été mis en examen le 11 novembre 2024 pour "violences ayant entraîné une infirmité permanente et commises en réunion". Tous deux ont été placés en détention provisoire. Le procureur avait précisé qu'en cas de décès du jeune guadeloupéen, les faits pourraient être requalifiés en violences volontaires aggravées ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Un troisième suspect est toujours en fuite, mais il aurait été identifié par la justice. Un mandat d'arrêt a été délivré pour le retrouver.
Les trois agresseurs ont tous été identifiés par les caméras de vidéosurveillance de la boîte de nuit. Lors de sa conférence de presse, le procureur de la République de Besançon avait révélé qu'ils étaient "repartis tranquillement."