Crise Covid : le directeur du CHU de la Guadeloupe, Gérard Cotellon, met les points sur les i

Gérard Cotellon, directeur du Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe (CHUG)
Il y a eu beaucoup de morts au CHU, particulièrement durant la 4ème vague de l'épidémie de Covid-19. Mais Gérard Cotellon tient à rappeler que bien davantage de vies ont été sauvées. Le directeur estime, par ailleurs, qu'il est du devoir des soignants de se faire vacciner. Il fera respecter la loi.

Dans l'actuel contexte de pandémie de coronavirus, le Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe (CHUG) est au cœur de l'actualité. Au cœur des critiques aussi, notamment sur les réseaux sociaux.
Les malades y affluent massivement, alors que les moyens manquent. Pour autant les médecins et soignants, qui ont bénéficié de renforts venus de l'Hexagone, se donnent à 200%, pour sauver le maximum de vies, dans des conditions d'exercice qui ont été maintes fois qualifiées de "catastrophiques".
Des personnes sont mortes par centaines, sur place. Mais on parle peu de toutes celles qui ont survécu, grâce aux soins qui leur ont été prodigués. 

Et la loi instaurant l'obligation vaccinale des professionnels de santé a été votée, le 5 août 2021. Ceux qui ont été encensés sont alors pointés du doigt. Les crispations, déjà existantes de longue date, se sont amplifiées, au sein de l'établissement. Les soignants revendiquent le droit de choisir de se faire vacciner contre la Covid-19, ou non. Ainsi, une crise sociale s'est ajoutée à la crise sanitaire sans précédent.

Sans langue de bois, comme à son habitude, le directeur du CHUG, Gérard Cotellon, a répondu aux questions de Claude Danican, dans la chronique radio "la Grande Interview", sur Guadeloupe la 1ère, ce mardi 14 septembre 2021. L'occasion d'une mise au point.

A chacun ses responsabilités

Bien évidemment, Gérard Cotellon est conscient d'occuper une fonction lourde de responsabilités. C'est le cas en temps normal et d'autant plus durant une crise sanitaire.

A la tête d'une communauté de professionnels de 3500 âmes et qui reçoit beaucoup de personnes en position de vulnérabilité, qui nous font confiance pour leur santé. C'est une responsabilité lourde, oui.

Gérard Cotellon, directeur du CHUG

Il appartient aussi aux professionnels de santé de l'établissement d'assumer les leurs. Or, pour le directeur, se faire vacciner en fait partie. Il a donné aux médecins et soignants jusqu'au 15 septembre pour se soumettre à cette obligation.
Pour l'heure, ils sont près de 80% à refuser de s'y plier, contre moins de 3% de "récalcitrants" dans les hôpitaux de l'Hexagone.

Cette vaccination obligatoire, pour les soignants, ce n'est pas une mesure vexatoire. Ce n'est pas non plus un manque de confiance, vis-à-vis des soignants. Simplement, nous travaillons à l'hôpital et nous avons une responsabilité particulière, vis-à-vis des patients qui nous font confiance (...).

Quand un patient, qui est en position de vulnérabilité, vous fait confiance, il n'attend pas que vous lui transmettiez une maladie. C'est ça le sujet.

Gérard Cotellon, directeur du CHUG

Mais la réalité du terrain, est le climat de défiance et de revendication, constate Gérard Cotellon qui, en tant que fonctionnaire, entend faire respecter la loi, malgré tout.
De son point de vue, la récente parole du ministre de la santé, Olivier Véran, qui a proposé un report de l'obligation vaccinale pour les soignants, après l'état d'urgence sanitaire, est difficilement applicable, car "il n'y a qu'une loi qui peut défaire ce qu'une loi a fait", explique-t-il.

Au CHU, l'obligation vaccinale fera partie de la panoplie pour pouvoir travailler... au même titre que d'autres vaccins d'ailleurs.

Gérard Cotellon, directeur du CHUG

 

Un vaccin jugé fiable, par Gérard Cotellon

Pour le directeur du CHUG, mieux vaut être vacciné que risquer de contracter la Covid-19, car on ne sait quels symptômes la maladie peut engendrer, sur le long terme, sur le plan physique.  

Beaucoup de personnes semblent découvrir le principe de l'ARN messager. Mais il faut savoir qu'à l'avenir, pratiquement tous les vaccins seront sur cette base-là. Et les scientifiques nous disent que nous sommes à peu près sûrs de l'innocuité du vaccin et, surtout, de la protection qu'il procure, face à un certain nombre de pathologies.

 Gérard Cotellon, directeur du CHUG

Gérard Cotellon rappelle que l'archipel rassemble tous les ingrédients expliquant pourquoi la quatrième vague de l'épidémie de coronavirus s'est révélée si meurtrière : les nombreuses pathologies (dites "comorbidités") dont souffrent un fort pourcentage de la population, des personnes (notamment âgées)  sensibles aux fausses informations qui ne cessent de circuler, le faible taux de vaccination, etc. 

En l'espace de deux mois, en juillet/août 2021, il y a eu 296 morts et plus de 1200 hospitalisations, en Guadeloupe.

Les traitements existent tout de même, localement. L'oxygène est le besoin numéro 1 des patients Covid, dont beaucoup sont rapidement en détresse respiratoire. Face à "l'Orage inflammatoire" généré par le virus dans l'organisme, il faut un traitement à base de corticoïde ; c'est dans ce cadre que l'Ivermectine peut être utilisé, explique le directeur du CHUG.

Fier de l'action accomplie

Malgré "l'environnement hostile", tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'hôpital, les équipes du Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe peut être fière d'avoir sauvé tant de vies humaines, ces dernières semaines.

Nous avons eu 296 morts en deux mois. Mais nous avons sauvé cinq fois plus de personnes, parce que tout le monde ne sort pas les pieds devant du CHU, fort heureusement ! Nous sauvons beaucoup de patients et ça, c'est un élément de fierté, qui nous aide, qui nous pousse à continuer à faire ce que nous faisons.

Gérard Cotellon, directeur du CHUG

 

A (ré)écouter, la chronique "La Grande Interview" de Claude Danican, du 14 septembre 2021 :

Gérard Cotellon était l'invité de Claude Danican, dans "La Grande Interview" - 14/09/2021