La jeunesse Guadeloupéenne, comme partout ailleurs, est plurielle. Dans l'actuel contexte de crise sociale, elle est au cœur des débats.
Tantôt elle est pointée du doigt et stigmatisée, notamment accusée d'errance ou de violence. Tantôt elle est plainte, notamment en raison du fort taux de chômage qui la touche (52,7% des moins de 25 ans, en 2020), ou encore du nombre croissant de cas de décrochage scolaire.
Pourtant elle sait briller, par son talent, dans bien des domaines, sous nos latitudes, comme hors de nos frontières.
Dans l'actuel contexte de crise sociale, elle entend bien participer aux débats. Que les jeunes soient mobilisés sur les barricades actuellement érigées sur les axes routiers, ou non, ils ont leur mot à dire.
La jeunesse dénonce
Ludivine Guiolet-Oulac et Jean-Marie Mavounzy sont allés à la rencontre de jeunes Guadeloupéens, qui évoquent les difficultés qu'ils sont nombreux à rencontrer. Ils demandent de l'écoute, de la considération, du travail aussi. Car ils considèrent être laissés pour compte, dans ce territoire qui est pourtant le leur.
A (re)voir le reportage que notre équipe leur a consacré :
La jeunesse propose
Une partie de la jeune génération de l'archipel a décidé de prendre la parole.
- Mouvans Jénès ANG
C'est le cas de la "Mouvans Jénès" de l'ANG (Alyans Nasyonal Gwadloup) qui, dans une lettre ouverte, s'adresse directement aux "représentants élu(e)s par les citoyens". Les jeunes de ce parti nationaliste évoquent ce qu'ils considèrent comme un échec des politiques publiques, ainsi que le fait que "la confiance envers les élus et l'Etat est aujourd'hui quasiment rompue".
Ils refusent l'image que l'on veut leur donner.
Nous symbolisons aussi cette jeunesse débordante de vie et d’énergie, de volonté, de créativité et de compétences tout en ayant ce sentiment de révolte. Une jeunesse guadeloupéenne qu’elle soit salariée, fonctionnaire, entrepreneuse, étudiante ou sans emploi qui n’a jamais failli quand il a été question de démontrer son amour indéfectible pour son pays.
Pourtant, beaucoup sont forcés de quitter le territoire pour s'accomplir, rappellent-ils. Leur conclusion est qu'un renforcement du pouvoir local est nécessaire. Une émancipation qui doit passer par une consultation, selon eux.
Nous demandons donc clairement la possibilité d’avoir un vrai pouvoir local guadeloupéen prenant des décisions en fonction de la réalité géographique, culturel et historique du territoire.
Ainsi, la consultation de la population par le biais d’un référendum sur l’évolution statutaire lors des prochaines échéances régionales nous paraît cruciale.
A LIRE : la "Lettre ouverte aux représentants élu(e)s par les citoyens", de Mouvans Jénès ANG
- Autre prise de parole
Par ailleurs, près d'une cinquantaine de jeunes a cosigné une autre missive, titrée "Lettre ouverte de la jeunesse guadeloupéenne". Parmi eux, des sportifs, des artistes, des travailleurs, des chômeurs... des jeunes qui vivent tant sur place qu'à l'extérieur de l'archipel.
Tous veulent faire taire ceux qui les instrumentalisent, les pointent du doigt, parlent en leur nom, sans jamais les écouter.
Ils listent tout ce qui fait que la Guadeloupe, dont ils héritent, ne leur convient pas : les sargasses, le chlordécone, le chômage, le manque d'eau, etc.
Ce monde-là, nous le jugeons tout bonnement inacceptable et il nous met en colère !
Cette colère est un refus catégorique des étiquettes arbitraires et chiffonnées qu’on nous attribue : d’une jeunesse délinquante, d’une jeunesse des barricades, d’une jeunesse fainéante et méchante ; d’une jeunesse presque idiote, déscolarisée et dont on ferait ce qu’on veut quand on veut.
Vient ensuite, dans cette lettre, l'expression de ce que veulent les signataires : une école qui ne soit pas une "industrie de l'échec", une filière économique culturelle et audiovisuelle structurée, la capacité de produire pour nourrir le pays.
Nous voulons pouvoir travailler, vivre dignement, faire grandir nos propres enfants et être heureux en Guadeloupe (...).
Pour ce faire, nous voulons disposer d’une capacité réelle de transformation du pays. Décider et agir, façonner le pays.
A LIRE : la dite "Lettre ouverte de la jeunesse guadeloupéenne"
Raphaël Lapin était l'invité de Christelle Théophile, dans le journal télévisé de 19h30, sur Guadeloupe La 1ère, jeudi 25 novembre 2021. Pour cet avocat, également signataire de la "Lettre ouverte de la jeunesse guadeloupéenne",
On nous laisse en héritage une terre de désespoir et de désespérance.
Raphaël Lapin ne cache donc pas sa volonté d'entrer en politique, pour réellement peser dans le débat et contribuer à l'émergence d'un nouveau modèle de société. Sa "conviction profonde est qu'il faut domicilier le pouvoir en Guadeloupe", car il estime que la reconnaissance de l'identité guadeloupéenne est absolument nécessaire.
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