Signe que la grave crise politique et sécuritaire est loin d'être terminée, malgré la création officielle du conseil par décret vendredi dans le pays en proie à la violence des gangs.
Dans un texte daté de samedi, les neuf parties prenantes, qui ont rappelé avoir "laborieusement" négocié pendant des semaines pour parvenir à un accord en vue de constituer ce conseil présidentiel, se sont dites "profondément choquées" par le décret.
Elles ont dénoncé "l'introduction de modifications majeures qui dénaturent le projet consensuel d'un exécutif bicéphale porté par le conseil présidentiel de transition", et ont contesté la validité du texte.
Elles exigent notamment que soit publié au journal officiel l'accord politique du 3 avril, dans lequel elles détaillent la mission et l'organisation du conseil de transition ainsi que le nom de ses membres.
Dans son décret, le gouvernement sortant a acté la création du conseil, mais n'a pas mentionné ses membres par leur nom. Le ministère de la Communication a ensuite appelé "les personnalités désignées par les parties prenantes" à soumettre aux autorités les pièces requises pour être approuvées.
Ce qui retarde la mise en place du conseil et peut laisser entendre que certains noms pourraient être retoqués.
Le Premier ministre Ariel Henry et son gouvernement doivent faciliter l'installation "dans les meilleurs délais (du) conseil présidentiel de transition dans la forme et la teneur définies dans l'accord politique pour une transition pacifique et ordonnée du 3 avril 2024", ont insisté les neuf formations.
Une fois intronisé, le conseil de transition aura pour tâche complexe de tenter de rétablir ordre public et stabilité.
Très contesté, Ariel Henry, nommé quelques jours avant l'assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse, avait accepté de démissionner le 11 mars.
La création du conseil de transition a nécessité plusieurs semaines de pourparlers tendus, marqués par des revirements et des différends entre partis politiques mais aussi avec le gouvernement sortant.
Le conseil doit être composé de sept membres avec droit de vote, représentant les principales forces politiques en Haïti et le secteur privé. Deux observateurs sans droit de vote doivent en outre porter la voix l'un de la société civile, l'autre de la communauté religieuse.