Diminution des surfaces cultivées, maladies ravageant les cultures, vieillissement des producteurs... La Guadeloupe produit moins de fruits

Champ d'ananas
C’est ce que révèle une étude du ministère du service statistique du ministère de l’Agriculture. Hormis la banane d’exportation, la pastèque et le melon, la production de fruits a chuté de 50% en 10 ans.

En 2020, la Guadeloupe comptait 858 producteurs de fruits destinés au marché local, chacun cultivant en moyenne un hectare. Cependant, cette production a connu une forte baisse au cours de la dernière décennie. Le nombre de producteurs a chuté de 18 %, les surfaces cultivées ont diminué de 23 %, et la production elle-même a plongé de plus de 50 %, selon une étude menée par l'Agreste, spécialisée dans la statistique agricole. Cette situation a accru la dépendance de l'île aux importations pour répondre à la demande locale.

Répartition géographique et cultures dominantes

La Basse-Terre est au cœur de la production fruitière, concentrant 70 % des surfaces dédiées aux fruits, contre 26 % pour la Grande-Terre et 4 % pour Marie-Galante.
Deux bassins principaux se démarquent : le nord de la Basse-Terre, où prédomine la culture de l’ananas, et le sud de la Basse-Terre, où l’on retrouve la banane locale, les agrumes et d’autres vergers arboricoles. Les communes de Sainte-Rose, Capesterre-Belle-Eau et Baillif sont les plus productives avec respectivement 124, 73 et 68 hectares de fruits cultivés.

Diminution des surfaces et impact des maladies

En 2020, la surface totale en fruits a atteint 888 hectares, contre 1 156 en 2010. Les fruits représentent désormais seulement 2,8 % de la surface agricole utilisée, contre 3,7 % en 2010.

Cette réduction est en grande partie liée à la propagation de la maladie du Citrus Greening qui a touché les agrumes, passant de 349 hectares en 2010 à seulement 169 hectares en 2020. Cette maladie a considérablement réduit les rendements et forcé de nombreux producteurs à abandonner ou remplacer leurs cultures.

La production de fruits, hors bananes d’exportation, a été divisée par deux en dix ans, en grande partie à cause de la chute de la production d’ananas et d’agrumes. Les cultures de mangues et de maracudja ont toutefois résisté aux aléas climatiques et autres difficultés, avec une légère augmentation des surfaces cultivées.

Des exploitations diverses

En termes de spécialisation, 43 % des exploitations fruitières tirent l’essentiel de leur revenu de la production de fruits. Toutefois, une majorité des exploitations combinent cette culture avec d’autres activités agricoles comme le maraîchage ou la canne à sucre. Les petites exploitations dominent le paysage agricole : 91 % des producteurs sont des micros ou petites exploitations, couvrant 71 % de la surface fruitière totale.

Le vieillissement des exploitants, une problématique cruciale

Le vieillissement de la population agricole est un enjeu crucial pour l’avenir de la production fruitière. En 2020, l’âge moyen des exploitants était de 55 ans, et une grande partie des producteurs approchant la retraite ne prévoient pas de cesser leur activité dans les prochaines années. Entre 2010 et 2020, seulement 214 nouveaux producteurs se sont installés, un renouvellement insuffisant pour compenser les départs, ce qui a conduit à une perte nette de 187 producteurs.

Augmentation croissante des importations

Pour combler la baisse de la production locale, les importations de fruits ont fortement augmenté. En 2020, la Guadeloupe importait environ 17 000 tonnes de fruits par an, contre 10 000 tonnes en 2010. Les agrumes représentent la majeure partie de ces importations.

Désormais, plus de 75 % des fruits consommés en Guadeloupe sont importés. Un chiffre qui souligne la fragilité du secteur face aux défis sanitaires et climatiques.