Eau polluée à Gourbeyre : Le procureur de Basse-Terre se saisit de l'affaire

Des résidus de chlordécone ont été retrouvés dans l’eau des robinets des Gourbeyriens. Le collectif de l’eau de Gourbeyre incrimine la Communauté d’agglomération Grand Sud Caraïbe. Le procureur de Basse-Terre a envoyé une demande d'information à l'Agence régionale de santé. 
Le procureur de Basse-Terre est bien décidé à tirer cette affaire au clair. Il a envoyé une demande d’information à l’ARS pour comprendre pourquoi et comment de l’eau chlordéconée a pu être distribuée pendant un mois aux habitants de Gourbeyre. Il décidera ensuite s’il ouvre une enquête préliminaire.
En avril dernier, des analyses ont montré la présence de chlordécone dans l’eau du robinet mais la distribution n’a pas été arrêtée pour autant.

L'eau contaminée depuis le 16 avril

L'affaire commence le 16 avril... La Communauté d'agglomération du Grand sud Caraïbe reçoit un avertissement de l'Agence régionale de santé. L'eau du robinet de Gourbeyre est contaminée au chlordécone. Les filtres à charbon actif de l'usine de prélèvement ne sont plus opérationnels. Ces filtres sont très chers à remplacer et sont d'une efficacité limitée dans le temps. Ils auraient dû être remplacés de façon préventive et surveillés. Le secteur de captage est en plein dans les terres les plus polluées de Guadeloupe par le chlordécone. Le captage aurait dû être surveillé en permanence.

Un communiqué interdisant la consommation de l'eau le 2 mai

Le 24 avril, explique Lucette Michaux-Chevry, présidente de la Communauté d'agglomération, l'ARS demande que tout soit mis en oeuvre pour faire diminuer ce taux de chlordécone. Mais précise la présidente, dans un autre communiqué, l'ARS n'a pas demandé d'interdire l'eau du robinet, sauf pour les populations à risque. Et cela pose une question grave : comment interdire l'accès à une ressource vitale et courante à des femmes enceintes et à des enfants de moins de 6 ans. 
On sait que l'eau est contaminée depuis le 16 avril et il y aura une demande de communiqué radio, le 2 mai, diffusé 5 fois... A 5h45 du matin et à midi... Pour informer les femmes enceintes et les enfants de moins de 6 ans, qu'ils peuvent être empoisonnés par un perturbateur endocrinien, s'ils boivent l'eau du robinet.
On rappelle que l'action du chlordécone sur les foetus et les enfants est dramatique : retard de développement, retard cognitif. En clair, au regard des premières alertes de l'Agence régionale de santé, la régie des eaux de la Communauté d'agglomération aurait dû fermer totalement l'alimentation en eau de la ville de Gourbeyre, qui compte 8 000 habitants.

Négligence ?

Mais auparavant, il y aurait dû avoir une procédure de surveillance, en zone contaminée et une procédure rapide de remplacement des filtres à charbon actif en cas de problème. Dans ce cas, les filtres ont été remplacés le 27 mai. 
Il y a t-il eu négligence ? Criminelle ? Le parquet de Basse-Terre s'est saisi de l'affaire. Une demande d'information a été envoyée à l'Agence régionale de santé. Au vu des résultats, on saura si une enquête préliminaire sera déclenchée par le procureur de la République de Basse-Terre, Samuel Finielz.