Les réactions sont nombreuses, après les révélations faites par le Parquet de Pointe-à-Pitre, hier, vendredi 21 janvier 2022, au sujet des commanditaires présumés des violences urbaines de novembre et décembre 2021, en Guadeloupe, dans le contexte de conflit social.
Les enquêteurs en sont convaincus : ces évènements ont été planifiés et organisés, dans le but d'instaurer un climat insurrectionnel généralisé, sur le territoire.
Les sept personnes interpelées en début de semaine, présentées comme des chefs des gangs "Chien La Ri" et "Section kriminel", ont toutes été mises en examen, à l'issue de leur garde à vue, notamment pour "association de malfaiteurs en vue de commettre crimes et délits en bande organisée". Idem pour le fonctionnaire de police pris dans le même filet, considéré comme complice des responsables des exactions.
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Plusieurs personnalités politiques se sont exprimées, depuis que cette affaire a été révélée.
Olivier Serva soutient les "grands frères"
Olivier Serva, lui, ne parle pas de gangs, mais de "grands frères" auquel il apporte son soutien, dans un communiqué qu'il a produit le 21 janvier.
Le député LREM, pourtant, commence par admettre ne pas être informé de l'affaire, ni des "faits présumés reprochés aux jeunes" et ne pas pouvoir s'"immiscer dans les travaux de la justice", au regard de sa fonction de parlementaire.
Puis changement de ton, dans le deuxième paragraphe, où il donne les pseudonymes de toutes les personnes incriminées, y compris le nom du policier, dont les identités n'avaient pas été révélées jusqu'ici.
Ces "jeunes" (comme il nomme, à plusieurs reprises, ces hommes proches de la quarantaine), ont été reçu par les élus guadeloupéens, "dans le cadre des négociations de sortie de crise" et étaient mobilisés pour faire avancer les choses, selon Olivier Serva.
L'importance de leur rôle dans le processus des négociations est indéniable, de par leur capacité à faire le lien entre les revendications de la rue et les élus.
Ils ont eu à cœur de faire des propositions pour la jeunesse, qui ont d'ailleurs été intégrées aux solutions proposées pour la sortie de crise.
Si bien que le député a appelé à une "justice impartiale", vu le rôle qu'ils jouent "dans le processus d'apaisement".
A LIRE/ Le communiqué de soutien aux jeunes d'Olivier Serva - 21/01/2022
La Gauche désireuse d'une transparence totale
Victorin Lurel appelle la justice à aller au bout de ce travail d'investigation.
Pour le sénateur PS, il était temps que la justice fasse son travail, alors que la crise sociale sème le chaos, dans l'archipel, depuis près de deux mois et demi (la grève générale contre l'obligation vaccinale a débuté le 15 novembre 2021, en Guadeloupe). , qui s'est exprimé sur France Info ce samedi matin, estime qu'un tel scénario était prévisible :
Aujourd'hui, ça ne m'étonne pas qu'à la faveur du moindre mouvement social et, en particulier, une crise comme celle-là, certains profitent de cette opportunité pour prospérer.
Le gouvernement a "laissé faire" au nom d'une certaine "tranquillité publique", selon l'ancien ministre des Outre-mer, qui ajoute que cela n'est pas nouveau et peut être reproché aux exécutifs successifs, mais aussi aux élus locaux, en Guadeloupe.
Il y a hélas beaucoup de laxisme et de complaisance (...) Oui il y a une jeunesse (il faut s'en occuper) qui est désœuvrée, qui a des problèmes, qu'il faut réinsérer, etc. Mais il y a manifestement des trafics qui se font (...) l'Etat, dans toutes ses composantes, y compris la composante judiciaire, n'avait pas fait le job.
La justice, aujourd'hui est pleinement dans son rôle, en menant cette enquête ; ce qui satisfait l'élu.
A écouter, ci-dessous, l'interview complète de Victorin lurel, par nos confrères de France Info :
🗣️ Violences "planifiées" par des gangs mafieux en Guadeloupe : "Il y a trop d'élus complaisants" dénonce le sénateur PS Victorien Lurel pic.twitter.com/DPGFWWX6ZU
— franceinfo (@franceinfo) January 22, 2022
Victoire Jasmin est sous le choc, depuis que les dessous de l'affaire ont été mis à jour. Pour la sénatrice PS, la Guadeloupe ne doit pas rester une zone de non-droit :
C’est très GRAVE ce qui se passe en Guadeloupe. Que toute la lumière soit faite. Ces réseaux malveillants qui sèment la terreur et transforment le pays en zones de non Droit devront répondre de leurs actes.Une pensée pour toutes les victimes.@guadeloupela1e @RCI_GP @FAGuadeloupe
— Victoire Jasmin (@SenatriceJasmin) January 22, 2022
Olivier Nicolas se montre prudent, quant à lui. Le premier secrétaire de la fédération socialiste de Guadeloupe souhaite aussi que toute la lumière soit faite, sur ces faits graves et inquiétants qui restent à vérifier.
Sidération devant les premiers éléments de cette enquête qui n’en est pourtant qu’à ses débuts.
— Olivier Nicolas 🌹 (@olnic1974) January 22, 2022
Toute la lumière devra être faite car les soupçons sont graves et décrivent des dérives très inquiétantes pour la #Guadeloupe, si les faits sont vérifiés. https://t.co/UE5ENxqcfn