Exécution de Daniel Walpole, pour son scooter : la cour d'Assises condamne les trois accusés à 2 fois 20 ans et 15 ans de prison

Un jeune garçon a perdu la vie, parce que des voyous voulaient lui voler son scooter. Un drame absolu, inexplicable, qui a conduit la cour d'Assises à trancher pour une sévère punition : ceux qui ont agi sont condamnés à 20 ans de prison et l'homme considéré comme le commanditaire écope de 15 ans.

Les deux meurtriers à scooter du jeune Daniel Walopole ont été condamnés, par la cour d'Assises de Basse-Terre, à 20 ans de réclusion criminelle. Et celui qu'ils ont désigné comme le commanditaire de leurs actes, écope de 15 ans de prison. Ce dernier a décidé de faire appel de cette décision.

Le Parquet général avait requis la perpétuité, pour le pilote et le passager du scooter. C’est ce dernier qui a tiré, blessé un jeune homme et tué un autre. En revanche, l'acquittement avait été demandé, par le procureur, pour celui qui a été dénoncé comme le donneur d'ordre du vol avec arme.

La vie d'un brave garçon pour un scooter Piaggio

Cette triste histoire est un nouvel exemple de la violence qui gangrène la Guadeloupe contemporaine. 

Daniel Walpole a été exécuté par des individus qui voulaient son scooter. C'était le 22 janvier 2017, vers 23h00, alors qu'il revenait d'un défilé carnavalesque, où il s'était rendu, dans la commune de Sainte-Rose.

Il avait une vingtaine d'année et a été retrouvé mort, sur le bas-côté de la route, où l'ont laissé ses agresseurs sans foi ni loi.

Le garçon s'était payé tout seul son 50 cm3, un mois avant le drame, avec son salaire.
Daniel était malentendant.
Daniel était travailleur. Son CAP en "hygiène et environnement" en poche, il avait décroché un emploi d'étalagiste, dans une moyenne surface.
Il ne buvait pas, ne fumait pas, ne se droguait pas.
C'était un garçon très entouré et apprécié. 

Ce soir-là, ils étaient en convoi, entre amis : une voiture et deux scooters qui se suivaient. Daniel et son passager, Marcus, fermaient la marche. Les deux étaient casqués et roulaient prudemment.

Mais ils ont croisé la route de deux autres jeunes, malintentionnés ceux-là. Les évènements se sont alors enchaînés, comme dans un cauchemar.
Les deux voyous ont fait demi-tour, pour les pourchasser. Daniel a ralenti, puis s'est arrêté, pour laisser descendre Marcus. C'est alors que le passager de l'autre deux-roues a tiré, une première fois, sans raison, atteignant Marcus, qui levait la jambe ; la balle, qui lui a fracassé le tibia, aurait pu lui trouer la poitrine. Daniel s'est enfui, mais les autres l'ont poursuivi. Ses amis l'ont retrouvé, un peu plus loin, inanimé et pour cause : il a reçu une balle dans la tête. Son scooter a disparu.

L'affaire

Le véhicule a été retrouvé, le lendemain, à la résidence Anquetil, aux Abymes.

Les deux meurtriers ont été dénoncés, anonymement. Ils ont, eux aussi, une vingtaine d'années.
Neil Baige, Dominiquais qui a grandi sans père et est très défavorablement connus de la justice, pilotait le scooter, lors de l'épopée sauvage.
Jean Nicolo, Haïtien, est celui qui a usé de l'arme à feu ; c'est un lycéen, scolarisé en terminal, à l'époque.

Ils ont agi sous l'oeil de caméras de surveillance, mais aussi de nombreux témoins médusés, de retour du carnaval.

Lors de leurs auditions, ils ont avoué être impliqués, dans cette affaire, mais ont dit avoir agi sur les ordres d'un commanditaire, qui leur aurait fourni les armes et les munitions utilisées : Kersan Sandy, dit "Saloudji", trentenaire de presque deux mètres de haut, d'un tout autre profil. L'homme, né à la Dominique a, lui aussi, été privé d'un père. C'est un drogué, réputé violent, un meneur, condamné des dizaines de fois et membre de "Sektion Kriminelle". L'homme est déjà incarcéré dans l'Hexagone depuis deux ans, après avoir été transféré d'une prison guadeloupéenne.

D'où le fait qu'il y ait eu trois hommes dans le box des accusés de la salle de la cour d’Assises du Palais de Justice de Basse-Terre, durant les quatre jours du procès.

Seulement voilà : rien ne semblait lier "Saloudji" au meurtre de Daniel Walpole. Il n'existe aucune preuve tangible. Il aurait échangé son scooter contre une arme, ce qui aurait peut-être occasionné un différend financier entre lui et les deux assassins...
Pour autant, les jurés ont cru la version des deux meurtriers et se sont montrés sévères envers "Saloudji", dont on retriendra une phrase, prononcée durant le procès :

Ils ont tué pour un scooter ! Pour un scooter, cela ne se fait pas ! Ce n'est pas humain !

Kersan Sandy, dit "Saloudji"