Une expulsion du territoire français, une de plus, d'un ressortissant haïtien, a eu lieu le 15 décembre 2020. Et, une fois de plus, l’association Tèt Kolé monte au créneau, pour dénoncer les conditions de cette reconduite à la frontière, en dehors des règles morales et légales, selon elle.
La communauté haïtienne s'insurge, une nouvelle fois, contre la manière dont sont expulsés du territoire français leurs compatriotes en situation irrégulière.
Dernier cas qui retient l'attention des associations de défense de ces personnes faisant l'objet d'une mesure de reconduite à la frontière : celui de Guerliot Guillaume, 44 ans, dont les droits n'auraient pas été respectés.
C'était le 15 décembre 2020
Le 15 décembre dernier, à l'issu d'un contrôle au faciès, effectué à 7h00 du matin, Guerliot Guillaume, qui se rendait à son travail dans le BTP, a été directement acheminé au Raizet, aux Abymes, dans les locaux de la direction départementale de la police aux frontières... ce, pour un départ immédiat de "Guadeloupe Pôle Caraïbes", vers l'aéroport parisien d'Orly.
L'homme n'a pas pu prévenir sa famille. Selon ses avocats, son téléphone lui a été confisqué au départ et remis uniquement à son embarquement, depuis Orly, à destination de Port-au-Prince. Il n'a donc pas pu, non plus, se faire assister d'un avocat, ni contacter une association, ou son ambassade.
Guerliot Guillaume est arrivé le lendemain, en Haïti, vers 13h20.
Pour le président de l'association Coordination Haïtienne Tèt Kolé, Johny Désir, ce mode de fonctionnement n'est pas admissible. Il convient, selon lui, de préserver notamment l'intégrité morale et, surtout, les droits des personnes expulsées.
Johny Désir répond à Pascal Pétrine :
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Selon le président de l'association Coordination Haïtienne Tèt Kolé, Guierlo Guillaume s'est retrouvé à Paris, en short et sandales.
Les policiers lui ont dit qu'il sont appelé quelqu'un pour lui amener ses vêtements : des mensonges, comme d'habitude.
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Les arguments des autorités françaises
Dans ce dossier, rien ne plaidait en faveur de Guerliot Guillaume, selon les autorités françaises. Elles ont rappelé que Guerliot Guillaume, entré sur le territoire français illégalement, en 2013, "a fait l'objet d'un arrêté d'asile portant refus de séjour et obligation de quitter le territoire français, en date du 13/05/16". Par ailleurs, est-il écrit dans le dossier :
Il est constaté que depuis le rejet de sa demande d'asile, Monsieur Guerliot Guillaume n'a effectué aucune démarche auprès de la préfecture, afin de solliciter la délivrance d'un titre de séjour, sur un autre fondement législatif que l'asile, contrairement à ses allégations ; qu'il se maintient sans autorisation sur le territoire national.
Un argument qui, peut-être, justifie, pour les autorités, le choix d'une mesure d'obligation de quitter le territoire français (OQTF) avec départ immédiat.
En effet, aucun délai n'a été laissé à ce ressortissant haïtien, pour qu'il s'organise et récupère ses effets personnels restés en Guadeloupe.
Par ailleurs, la police aux frontières et la sous-préfecture de Pointe-à-Pitre ont estimé que Guerliot Guillaume n'a pas d'attache familiale, dans l'archipel, puisqu'il n'a ni épouse, ni enfant à charge, selon son propre témoignage.
Un motif que rejette le président de l'association Coordination Haïtienne Tèt Kolé, selon qui cet homme avait des proches ici, bien que non marié.