Face à la montée des eaux, les pays de la Caraïbe tirent la sonnette d'alarme

Plage de l'île de Bonaire
Greenpeace et 7 habitants de l'île de Bonaire ont lancé une action en justice (11 mai 2023) contre l'Etat néerlandais pour qu'il protège ses citoyens insulaires contre la montée des eaux, a annoncé l'organisation environnementale. Une procédure qui intervient alors que plusieurs Etats de la Caraïbe appellent à s'organiser face à l'urgence climatique.

Les plaignants estiment que "l'État néerlandais fait preuve de négligence dans la protection de l'île contre la crise climatique et viole les droits de l'homme", a déclaré la branche néerlandaise de Greenpeace dans un communiqué. 
Leurs avocats ont envoyé jeudi une "lettre d'action" au gouvernement, le sommant de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et de mieux protéger de leurs effets l'ancienne colonie néerlandaise, depuis 2010 une des trois municipalités dites "spéciales" du pays avec Saba et Saint-Eustache. 

Le réchauffement climatique impacte déjà fortement l'île selon les plaignants

Selon la loi néerlandaise, l'assignation est la première étape pour poursuivre l'Etat en justice, a expliqué à l'AFP Bram Karst, porte-parole de Greenpeace.
"Nous aimerions être surpris", par un changement, mais les avocats continuent à se préparer à un procès, a souligné Me Minke de Haan.
"Je peux voir à quel point le changement climatique a déjà un impact sur Bonaire", une petite île au faible bilan carbone, a déploré la plaignante Jackie Bernabela, une enseignante âgée de 65 ans, citée dans le communiqué.
"Les habitants de Bonaire ne devraient pas être traités comme des citoyens néerlandais de seconde zone", a renchéri Onnie Emerenciana, un jardinier de 60 ans demandant aussi justice.

Si les émissions mondiales ne sont pas réduites de manière significative, la montée des eaux pourrait d'ici la fin du siècle engloutir jusqu'à un cinquième de Bonaire, selon une étude publiée en septembre l'année dernière par Greenpeace.
L'organisation avait, au moment de cette publication détaillant l'ampleur de l'impact du changement climatique sur l'île, déjà averti qu'une action en justice se préparait. 

Les Etats ont des obligations quant à la lutte contre le changement climatique pour l'ONU

Les Pays-Bas sont connus pour leurs barrages anti-tempête et les milliers de kilomètres de digues construits pour protéger leur territoire européen, dont environ un tiers se situe sous le niveau de la mer. 
Mais le pays est aussi un des plus gros pollueurs par habitant du continent, et a fait face à une série d'affaires visant ses émissions. 

Après une bataille du Vanuatu, durement touché par le réchauffement, L'Assemblée générale de l'ONU a adopté fin mars une résolution "historique" demandant à la justice internationale de clarifier les "obligations" des Etats dans la lutte contre le changement climatique.

Cette toute la Caraïbe qui tente de trouver des solutions

L'Association des Etats de la Caraïbe (AEC) a conclu vendredi 12 mai, au Guatemala son sommet avec pour préoccupation majeure le réchauffement climatique, auquel la région est fortement exposée, entre catastrophes naturelles et migrations forcées.

L'organisation de 25 pays, en plus de membres associés dont la France fait partie, a rappelé les risques importants qui pèsent sur les îles et côtes caribéennes, notamment la montée des eaux et les menaces de submersion.
L'un des principaux sujets à l'ordre du jour a donc été celui des réfugiés climatiques, en particulier insulaires.
"Notre étude nous indique que d'ici 2050, plus de 50 millions de personnes pourraient migrer des régions insulaires vers les régions continentales, et cela génère un problème de services publics, un problème économique et social pour tous", a alerté le secrétaire général de l'organisation, Rodolfo Sabonge.

"Les effets du changement climatique ne vont pas diminuer, ils vont augmenter", a prévenu Rodolfo Sabonge, appelant à "être créatifs et innovants" dans la résolution de ces problèmes.

L'AEC a ainsi évoqué plusieurs projets, dont la mise en oeuvre de systèmes d'alerte précoces pour mieux gérer les passages d'ouragans, qui font des morts et de gros dégâts tous les ans dans la zone Caraïbe.  
"L'alerte précoce prévient la perte de vies, prévient la perte d'infrastructures" et permet aux populations de mieux se préparer, a détaillé le secrétaire général.

La région, qui comprend les îles des Antilles et des pays continentaux ayant un accès direct à la mer des Caraïbes, compte environ 250 millions d'habitants, selon le ministre des Affaires étrangères guatémaltèque, Mario Bucaro.