L’archipel Guadeloupéen était bien représenté au Festival de Cannes 2022. Une délégation du Conseil régional s’est rendue sur place, la semaine dernière, ainsi que trois réalisateurs et quatre producteurs locaux.
Une présence synonyme de grand retour, sur la French Riviera, depuis plusieurs années.
Leurs missions étaient de promouvoir la destination Guadeloupe comme décor de tournages de films, ainsi qu’obtenir des financements auprès de producteurs nationaux et internationaux. Pour les professionnels, il s’agissait aussi de prendre des contacts et de se faire connaître.
Le fait est qu’à côté du cinéma, des stars et des prix, Cannes est aussi un marché du film.
Or, le septième art connait une croissance notable, au fil des années, en terre guadeloupéenne.
La Guadeloupe est une terre de tournages. Au niveau de la Région, nous avons fait du cinéma la pierre angulaire de notre politique culturelle. Pendant la crise sanitaire, la culture était très confinée, localement. Mais nous avons noté pas moins de vingt films (documentaires et courts-métrages) qui sont sortis pendant cette période.
Jean-Claude Nelson, responsable de la commission culture au Conseil régional de la Guadeloupe
Belles rencontres, pour beaux projets cinématographiques
Jean-Claude Nelson, dresse un bilan positif des rencontres faites lors de la quinzaine du festival. Le responsable de la commission culture au Conseil régional de la Guadeloupe se projette d’ailleurs déjà sur l’édition 2023 de ce grand rendez-vous du cinéma.
Comme il faut battre le fer quand il est chaud, l’heure est désormais aux projets, pour les membres de la délégation guadeloupéenne.
L’idée est notamment de permettre à la jeunesse locale de trouver, dans cette activité en pleine expansion, des débouchés professionnels et les financements qui manquent souvent, pour aller de pair avec leur créativité et leurs compétences.
Jean-Claude Nelson nous dévoile ses ambitions :
Ce dont souffre le cinéma guadeloupéen, ce n’est pas de créativité, ce n’est pas de techniciens, de réalisateurs... peut-être un peu d’auteurs... mais c’est surtout de financements, de moyens pour permettre, peut-être à court terme, d’aller vers un long métrage par an.
Jean-Claude Nelson, responsable de la commission culture au Conseil régional de la Guadeloupe
La Guadeloupe, terre de tournages
Après notamment le succès de la série britannique « Death in paradise », principalement tournée dans la commune de Deshaies, la Guadeloupe est régulièrement choisie comme décor de films.
Et pour cause ! Non seulement c’est une volonté politique, mais les îles de cet archipel regorgent d’atouts, tant naturels que culturels.
Nous avons des imaginaires, nous avons des histoires à conter, nous avons à nous montrer, nous avons à nous réinventer aussi, au niveau du cinéma.
Jean-Claude Nelson, responsable de la commission culture au Conseil régional de la Guadeloupe
Des opportunités appréciables
Yannick Rosine faisait partie de la délégation guadeloupéenne et il n’est pas allé sur place les mains vides ; il avait une carte de visite, puisqu’il est le producteur de « Timoun aw » (Zayannfim – 2020 – scénario : Nelson Foix), l’un des 24 courts-métrages français de fiction sélectionnés aux Césars 2022, retenu sur près de 600 films en lice.
Cette œuvre lui a valu, à Cannes, une reconnaissance professionnelle qui lui a ouvert de nombreuses portes. Un « voyage fructueux », donc :
On aurait pu être sur le tapis en tant que lambda. Mais là, on était vraiment là comme professionnels. On a pu avoir des accès. On existe.
Yannick Rosine, producteur de « Timoun aw »
Yannick Rosine : « Même si ça reste un grand festival mondial où il y a beaucoup de monde, ça reste quand même une petite famille du cinéma ».
Le producteur guadeloupéen est donc revenu avec ce qu’il est parti chercher : des contacts, en vue notamment d’obtenir des financements et de développer des projets cinématographiques, localement.
En plus des rendez-vous pris avant leur départ, les membres de la délégation ont rencontré foule de professionnels, pour des échanges enrichissants.
A noter que Yannick Rosine a plusieurs cordes à son arc, puisqu’il a réalisé le film documentaire « Akiyo Jénèz » (Zayannfim – 2020). Au sein de l’association « Karibbean hive », il est aussi impliqué dans le projet de reprise de l’ancien cinéma Rex de Pointe-à-Pitre, aux côtés de la Région, là aussi.
Même si les talents existent dans l’archipel, on ne peut pas encore parler d’industrie cinématographique qui tourne, sur place. Quoiqu’il en soit, Yannick Rosine le sait : il y a encore beaucoup à faire pour développer cette économie, mais cela est à la portée des acteurs locaux.
Aux Césars et à Cannes, les portes se sont ouvertes. Reste à capitaliser les opportunités ainsi créées !