Il a fait redécouvrir l'écrivain noir américain James Baldwin dans le documentaire à succès "I'm not your negro". Le cinéaste Haïtien Raoul Peck se penche sur le photographe sud-africain Ernest Cole, rendu célèbre à 27 ans grâce à son livre "House of Bondage", sur la réalité de la ségrégation raciale dans son pays. Une publication qui l'a conduit à s'exiler à New York puis en Europe. Il ne pourra jamais retourner en Afrique du Sud et mourra prématurément à 49 ans, en 1990, 8 jours après la libération de Nelson Mandela.
Pour ce nouveau documentaire, Raoul Peck s'est appuyé sur des montagnes d'archives, les photos de Cole ainsi que ses lettres et des témoignages de proches lus par une voix off. Une manière de lui "rendre le pouvoir", lui l'artiste qui a vécu dans une solitude extrême, a cessé un temps de photographier et est mort dans la misère, presque clochardisé. Le film raconte aussi comment, en 2017, 60.000 négatifs de son travail ont été découverts dans le coffre d'une banque suédoise.
Ce documentaire est le portrait d'un homme seul, Ernest Cole a vraiment espéré retrouver un monde libre. Mon ambition était de reconnecter son histoire avec le monde d'aujourd'hui.
Raoul Peck, cinéaste
C'est la déchirure et les tourments de l'exil qui ont touché Raoul Peck. Il y a vu un écho avec son propre parcours: avec ses parents, il a fui Haïti à l'âge de 8 ans et a vécu au Congo d'où lui parvenaient les informations sur "les massacres de la dictature" des Duvalier.
Ancien ministre de la Culture d'Haïti (1995-1997), Raoul Peck prépare un documentaire sur l'ex-président haïtien Jovenel Moïse, tué par balles en juillet 2021, par un commando armé composé de 28 hommes qui s'étaient fait passer pour des agents de l'Agence américaine antidrogue.