Le foncier en Guadeloupe au coeur de tous les antagonismes

Il y a quelques jours, des terres ont été distribuées à Goyave par le "Syndicat Agricole des Petits Planteurs de cadet Sainte-Rose". L'ONF a alors menacé de porté plainte contre les contrevenants pour toute détérioration de la nature. Le foncier reste un vrai problème en Guadeloupe
 
Quand on parle de ces terres de Goyave, on parle de 154 hectares qui appartiennent en nu-propriété au Conseil Départemental. La gestion en a été confiée à l’ONF, l’office Nationale des Forêts.
Tout cela a été officiellement acté par un arrêté du gouvernement en date du 30 juin 1948. Un document que ne reconnaît pas le syndicat des petits planteurs de Sainte Rose, qui affirme, lui, être le légitime propriétaire de ces terres et ce depuis 1895. Le problème est que ce même syndicat est dans l’incapacité de  présenter un titre  de propriété, un acte notarié ou un relevé cadastral qui puisse asseoir sa légitimité.  Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. La revendication d’un droit de propriété revient de manière récurrente au cours de la première moitié du XXème siècle dans les débats du Conseil Départemental mais il ne s’agit que de débats et de motions soutenues par l’un ou l’autre conseiller de l’époque. Pour autant, il  n’y a pas de titre de propriété.  

Mais il y a un accord signé en 2001


Le 31 juillet 2001, Jean-François Carenco, le préfet de l’époque signe avec l’association de défense des agriculteurs de Sarcelle un accord  qui prévoit la location de parcelles à 38 occupants sans titre.  Mais attention, il s’agit bien de location, à raison de 381 euros par an et par hectare. Ces parcelles sont inconstructibles, intransmissibles et incessibles. Elles reviennent à l’ONF dès que le locataire atteint l’âge de 70 ans.
Aujourd’hui, 15 agriculteurs bénéficient toujours de ce dispositif. Mais là encore, cet accord n’est pas reconnu par le syndicat des petits planteurs de Sainte Rose. Et pourtant, certains de ses membres en étaient les co-signataires.
17 novembre 2018 : nouvel accord mais cette fois entre l’ONF et les producteurs de Guadeloupe
Cet accord entérine l’installation de 8 jeunes planteurs sur une surface totale de 50 hectares. Il est prévu de planter de la banane mais également de faire de l’agro-transformation.   
Et là encore, cet accord est dénoncé par le syndicat des petits planteurs de Sainte Rose, qui dans un premier temps, va tenter de s’opposer au labourage des parcelles allouées aux jeunes planteurs  avant de procéder, le 31 mars, à une distribution gratuite de terres. 250 lots de 1000 m2 chacun. Un coup de force qui tombe sous le coup de la loi.
La Forêt de Douville à Goyave

La difficile question du foncier 


Le foncier en Guadeloupe est un vrai problème. Près de deux jeunes agriculteurs sur trois seraient à la recherche de terrain. En Guadeloupe, il y a près 7000 exploitations agricoles sur 50 000 hectares. On estime entre 250 et 300 le nombre de départs en retraite. En 2018, 19 agriculteurs se sont installés grâce à l'aide du Conseil Départemental mais 200 se sont installés sans aide car il ne correspondait pas au profil
©guadeloupe
©guadeloupe