Glyphosate et chlordécone l’alliance de tous les dangers

Selon une étude menée par des scientifiques Français, dont les conclusions ont été publiées dans la revue Environmental Science and Technology, l’utilisation du glyphosate dans les cultures locales favorise l’érosion des sols et la libération de la chlordécone qu’ils retiennent. 

Face aux grands défis du réchauffement climatique, les scientifiques examinent avec attention les interactions entre les différents réservoirs de carbone de la terre (atmosphère, biosphère, lithosphère etc) et c’est dans ce cadre que l'équipe du CNRS a réalisé une étude baptisée “Preuve de la résurrection du chlordécone par le glyphosate”*.  

Les scientifiques ont mené leur étude dans une zone du croissant bananier en Guadeloupe (bassin de la rivière Pérou) et dans les zones arrosées par la rivière du Galion en Martinique. Les deux sites abritent des bananeraies et/ou des champs de canne. 

Les recherches se sont concentrées sur “la zone critique”, couche allant de la canopée des arbres aux nappes phréatiques, siège principal de l’interaction du vivant, et par ailleurs, zone contact des pollutions liées à l’activité humaine.  

Le glyphosate “déterre” le chlordécone 

Les scientifiques ont prélevé des échantillons de sédiments, appelé “carotte de sédiment” du milieu marin proche de l’embouchure des cours d’eau des zones étudiées. Grâce à une méthode de datation fine, ils ont déterminé leurs provenance, leurs chronologie (leurs âge) et enfin leurs teneur en pesticides. 

Cette méthode a révélé, entre autres, que la teneur en chlordécone des échantillons remonte très fortement à partir des années 2000 jusqu’à atteindre des taux 10 fois supérieurs aux concentrations datant de l’époque où l’usage de la molécule toxique était autorisé.  

Cette résultat ne s'explique pas par un phénomène naturel (cyclones ou inondations), mais coïncide avec l’arrivée du glyphosate dans les cultures, un herbicide lui aussi très toxique.  « Si cet herbicide était vendu bien avant 2000, son usage s’est généralisé à partir de 1997 dans les Antilles du fait de la baisse de son coût », révèle Pierre Sabatier, un des chercheurs de l’équipe, à la revue Science et Avenir.  

Concrètement, le désherbage détruit les racines favorisant au passage l’érosion des sols lors des pluies ainsi que la remise en circulation du chlordécone dans la nature.

Une mauvaise nouvelle surtout qu’on on se rappelle que la molécule de chlordécone est ultra-résistante et que la pollution des cultures de Guadeloupe et de Martinique a été telle qu’elle devrait rester encore active dans les sols pour une période estimée à au moins 600 ans par les chercheurs. 

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Source : Comment le chlordécone ressuscite aux Antilles (Science et Avenir)

Evidence of chlordecone resurrection by glyphosate in the French West Indies.