Souvenez-vous : l'Union des travailleurs des collectivités (UTC), section syndicale de l'UGTG, est entrée en grève, tous azimuts, dans les mairies de Guadeloupe, le 3 mars 2021. Ce conflit social, qui a duré plusieurs semaines, a trouvé son épilogue dans la quasi-totalité des municipalités.
Quasi, car à Anse-Bertrand, il n'en est rien. C’est la seule commune de l'archipel à être encore enlisée dans ce bras-de-fer. L'hôtel de ville est toujours bloqué, par les agents municipaux affiliés à l'UTC-UGTG, qui affichent clairement leur détermination :
Nou pé ké lagé !
Des agents déterminés
Depuis 7 mois, l’UTC-UGTG exige des avancements de grade et de carrière, au profit de plusieurs agents communaux. Les grévistes, une quinzaine, campent devant la mairie, assis sur des chaises pliantes. Une pile de pneus a été érigée devant la porte de l'édifice municipal. Le message est clair : on ne passe pas !
Antoine Céril, secrétaire général adjoint de l’UTC-UGTG, dénonce l'entêtement du maire :
Antoine Céril : "Sé y sèlman ki ka renonsé a apliké sa nou mandé".
Un maire, tout aussi résolu
Face à eux, le maire se dit lui aussi déterminé à ne rien céder.
D'autant plus qu'en mars 2020, après une première grève de 3 mois, la commune avait fait des concessions, selon Edouard Delta. A ce moment-là, alors que la municipalité, en déficit, était sous la tutelle de la Chambre régionale des comptes, 73 agents avaient bénéficié d'un avancement de grade ; ce qui représentait un coût supplémentaire sur le budget de la ville, de 300.000 euros.
Cette fois, les revendications de l'UTC concernent 32 autres agents, soit 150.000 euros de plus. "En terme de gestion, ce n'est pas acceptable", conclut le maire Edouard Delta.
Pour trouver un accord, dans le conflit social actuel, ce dernier vient tout de même de faire appel à un médiateur.
En outre, le maire affirme que l'impact de la grève, sur les services municipaux, est mesuré. Le télétravail a été mis en place ; ce qui permet aux administrés de faire leurs démarches et d'obtenir leurs papiers. La mobilisation n'entrave pas non plus le service de restauration scolaire, selon Edouard Delta.
Edouard Delta : "La commune n'est pas tout à fait bloquée".
Et, au milieu, des administrés
Depuis le début de cette grève, les habitants de la commune d'Anse-Bertrand sont empêchés de faire leurs démarches, à moins de se rendre dans les communes voisines.
Nous avons rencontré quelques-uns d'entre eux, qui ont évoqué l'impact de ce mouvement sur leur quotidien et donné leur avis sur la situation :
Ça m'embête parce que j'ai besoin de faire ma pièce d'identité. Je vais me rendre à la mairie de Port-Louis, pour qu'ils la fassent pour moi.
Moi je ne suis pas contre la grève, mais il ne faut pas qu'ils abusent, parce qu'on a besoin de la mairie, on a besoin d'aller au CCAS. Il y a des aides aussi qu'ils donnent à certaines personnes. Peut-être que les gens qui font la grève à la mairie, ils ne sont pas dans la précarité, mais il y a beaucoup de gens qui ne mangent pas à leur fin tous les jours, surtout à Anse-Bertrand.
Il y a des jeunes qui ont leur contrat à la mairie, mais qui ne peuvent pas commencer, parce que la mairie est fermée. On ne peut pas signer nos contrats, pour tout ce qui est espaces verts, bâtiment, etc. Tout le monde est bloqué, dans la commune.
Pour l'heure, aucune date de rencontre, entre l'UTC-UGTG et le maire Edouard Delta, voire son médiateur, n'a été arrêtée, pour faire avancer les négociations.
En revanche, l'UGTG a prévu une grosse mobilisation, sur place, le samedi 9 octobre 2021.