La Maison Zévallos au Moule, retenue comme site emblématique par la mission pour la sauvegarde du patrimoine

Pour sa troisième édition, la mission pour la sauvegarde du patrimoine en péril confiée par le Président de la République à Stéphane Bern, a inscrit 18 sites emblématiques des régions de l'Hexagone et de l’outre-mer au nombre desquels l'Habitation Zévallos au Moule et sa célèbre "maison hantée"
Pour expliquer le choix de la Maison Zévallos, la mission pour la sauvegarde du patrimoine rappelle le potentiel qu'elle représente aujourd'hui encore. Un choix qui repose d'ailleurs sur le souhait de soutenir le projet de développement économique et culturel du Nord Grande-Terre porté par la Région, la communauté d’agglomération La Riviéra du Levant et la Ville du Moule.
Un projet qui prévoit la réhabilitation de la maison grâce à la mise en place :

- un chantier vivant revalorisant les savoir-faire ancestraux (tailleur de pierre, forgeron, etc.), ouvert au grand public et à des publics en réinsertion professionnelle ;
- un projet culturel et un travail de scénographie pour accueillir un public plus large dans le cadre de visites (touristes et population locale) ;
- un spectacle de son et lumière (vidéo-mapping) pour créer une animation nocturne dans le Nord Grande-Terre ;
- un projet économique viable autour d’une brasserie artisanale.

Une entreprise particulièrement difficile


La demeure requiert une intervention urgente car c’est tout l’édifice qui risque de s’effondrer. Sa structure est particulièrement fragilisée par une corrosion avancée.
Des infiltrations d’eau dans les éléments structurels et dans les éléments en brique conduisent à des fissures importantes et des perforations sur les poteaux. Ces détériorations sont accentuées par les évènements climatiques et sismologiques.


La demeure sera restaurée à son état d’origine grâce à la démolition des ouvrages tardifs.


Une première tranche de travaux a été réalisée et a porté sur la mise en sécurité de la cheminée industrielle de Zévallos.
Les travaux suivants concernent la restauration de la maison :
- Restauration de l’ensemble de la structure métallique (remplacement de 70% des éléments) ;
- Démolition des coursives extérieures et planchers intérieurs et remplacement par un sol en bois ;
- Restauration des boiseries intérieures et éléments de décoration (lustres, zinguerie, etc.) ;
- Démolition des ouvrages tardifs en pierre ;
- Restauration de la charpente.
 

Les nécessités de remise en état de cet important élément du patrimoine guadeloupéen ont incité les bienfaiteurs du site à lancer un appel aux mécènes. "Adopte une brique, adopte une histoire", une opération qui consiste à parainner les éléments constitutifs de la rénovation de la cheminée de Zévallos. Ils précisent d'ailleurs que :

La cheminée de Zévallos marque le territoire du Moule de sa verticalité et évoque comme ailleurs dans le monde, la Révolution industrielle et, dans nos îles, la révolution sucrière dont elle est issue.
La fumée du vesou de la canne semble encore flotter au dessus de la cheminée lorsque les nuages la survole en trompe-l'œil et celle-ci reste un symbole identitaire de l’histoire industrielle locale.
Elle constitue un phare de la Mémoire des esclaves puis des ouvriers indiens de Zévallos pour tous ceux qui passent sur la Route Nationale 5.

Et pour l'association, le choix de la mission en faveur du site de Zevallos tombe à point nommé.
 

Mme Beausir, membre de l'association

Pour sa part, le président de la Collectivité régionale a indiqué que :
 

Je suis très heureux d’apprendre que La Maison Zévallos au Moule a été retenue comme site emblématique par la mission pour la sauvegarde du patrimoine conduite par Stéphane Bern.
C’est une belle reconnaissance pour un projet de réhabilitation menée avec passion par la famille Débibakas dont je salue le travail.
C’est un projet que j’ai eu plaisir à soutenir auprès du Ministre de la Culture à l’occasion de sa visite officielle en Guadeloupe en Avril 2019.


Un site chargé de légendes 

La Maison de Zévallos et le Musée St-John Perse à Pointe-à-Pitre sont des « maisons jumelles ». Elles auraient été commandées par un riche planteur de coton Louisiannais pour doter ses filles jumelles.
Les deux maisons ne seraient jamais arrivées à bon port. Sur leur route, une tempête endommagea gravement le navire qui les transportait. Ce serait au port de Pointe-à-Pitre qu’elles auraient été vendues aux enchères. La légende raconte que la structure métallique de la demeure proviendrait des ateliers Eiffel.
Elle apparaît sur les plans du Domaine à partir de 1870.
Le domaine de Zévallos tire son nom d’un mariage fructeux entre deux propriétaires terriens : Philippe Dominique de Parisis de Zévallos et Renée-Adélaïde Van Shalchwick (descendante de réfugiés hollandais). Au fil des années, le domaine s’étend. Au fil des années le domaine s’étend. En 1802, le domaine s’étend sur près de 1000 hectares. 
La première usine centrale de Guadeloupe est construite en 1844, sur les terres de Zévallos. Les vestiges sont aujourd’hui les dernières traces de cette époque industrielle, pré et post esclavagiste.
En tout, 28 propriétaires se sont succédés depuis sa construction au XIX ème siècle.
 

Des histoires à dormir debout


Mais la maison est aussi (et surtout) connue pour toutes les légendes qui s'attachent à son histoire. Elles lui ont valu le surnom de "Maison hantée". Chacun y va encore de sa petite histoire qui vient conforter tout ce que l'on en dit. Parmi les plus courantes, celle qui raconte l'histoire d'un père et de sa fille se décline sur plusieurs thème : 

On raconte par exemple qu’une famille s’est installée dans cette maison. Le couple avait une fille qui est tombé amoureuse et enceinte d’un des esclaves de son père. Lorsque celui-ci l’a apprit, il s’est opposé à leur histoire et à tué l’esclave. La jeune femme s’est suicidée en sautant par la fenêtre de la maison. Les esclaves se sont révoltés contre leurs maitres et les ont tués mais les fils de ces derniers les ont vengés en éliminant les esclaves un par un à l’intérieur de la maison et dans le jardin.
 
Ou encore, celle d’un des propriétaires, un docteur qui y vivait avec sa fille. Celle-ci s’est mise à crier une nuit et a sauté par la fenêtre du premier étage. Elle est morte à cause d’un morceau de verre qui est resté coincé dans se gorge. Plus tard, son père s’est pendu dans la chambre de sa fille. On raconte que lorsque les deux corps ont été trouvé, ils avaient tous les deux les cheveux blancs or ils étaient tous les deux bruns.

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En cours avec la Fondation du patrimoine, à consulter ici.