Un vibrant hommage a été rendu à Jack Berthelot, hier soir (samedi 1er juin 2024) au pavillon de la Ville de Pointe-à-Pitre, par ses pairs et ses proches.
L’architecte visionnaire et nationaliste guadeloupéen a trouvé la mort il y a 40 ans, lors des évènements des Nuits Bleues, qui avaient secoué l’archipel dans les années 80. Le militant engagé dans la lutte pour l’obtention de l’indépendance du territoire est, en effet, décédé tragiquement, le 24 juillet 1984, à Pointe-à-Pitre, avec trois autres membres de I’Union populaire pour la libération de la Guadeloupe (UPLG), dans l'explosion de bombes destinées à un attentat.
Le parcours de l’homme engagé politiquement avait été abordé la veille. Samedi, c’est sur l’architecte qu’un zoom a été fait.
Un homme reconnu pour son œuvre
Il n’y avait pas suffisamment de places assises pour accueillir toutes les personnes venues rendre hommage à Jack Berthelot, samedi soir. Plus d'une centaine de personnes sont venues au rendez-vous organisé en son honneur. Des convives étaient installés dans les escaliers, d’autres sont restés sur la galerie, pour entendre les discours et évocations de ceux qui l’ont connu, qui l’ont côtoyé, qui ont travaillé avec lui, qui se sont inspirés de son œuvre, ou qui ont milité à ses côtés.
Ça fait 40 ans qu’il est décédé et ce n’est que cette année que nous avons choisi, nous sa famille, d’organiser cet hommage, très important après 40 ans (...). Ça me touche profondément qu’il y ait autant de monde, parce que quand, avec mon frère et la famille, on s’est décidés à passer le cap, on n’imaginait pas...
Sophie Berthelot, fille de Jack Berthelot
Un précurseur du "mode d’habiter antillais"
Une exposition était aussi proposée, rappelant les nombreux édifices que le Pointois a conçus ; bâtisses qui portent sa marque, empreintes de créolité et pleinement en accord avec la réalité du climat local.
Jack Berthelot est à l'origine d'ouvrages remarquables : la Guadeloupe lui doit notamment le musée Edgard Clerc au Moule, la mairie des Abymes, la somptueuse Résidence départementale du Gosier, ou encore la Résidence La Ramée de Sainte-Rose.
Durant sa vie professionnelle, relativement courte mais Ô combien riche, l’architecte a peaufiné sa vision du "mode d’habiter antillais". Il est l’un des premiers à prôner la ventilation naturelle, plutôt que la climatisation énergivore.
Germain Bautin, qui a connu Jack Berthelot dans les années 80, alors qu'il était un jeune étudiant militant, était en admiration, devant les panneaux récapitulatifs d’une brillante carrière.
C’est un peu avec nostalgie que je regarde toute cette production, moderne mais qui tenait compte de la tradition locale et, surtout, de l’environnement. Berthelot n’était pas du tout quelqu’un qui prônait la climatisation. Lui, c’était la ventilation naturelle et, aujourd’hui, partout, tout est climatisé...
Germain Bautin, ancien camarade de Jack Berthelot
La technique, pourtant pensée pour les territoires tropicaux, se perd donc, mais elle reste bien ancrée dans la mémoire de ces anciens collaborateurs.
Les métropolitains construisaient des immeubles, c’était la rénovation urbaine de Pointe-à-Pitre à cette époque et il fallait se battre pour qu’on continue à construire créole, surtout avec des cases. La case antillaise, elle résiste aux cyclones ! (...)
Alex Octuvon-Bazile, collaborateur de Jack Berthelot dans les années 80
Il était donc fondamental, pour les participants à cet évènement, de rendre hommage à ce talent brut Guadeloupéen, un homme qui a laissé, à travers son engagement et son talent, une marque indélébile sur le territoire guadeloupéen.
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Pascal Berthelot, le fil de Jack Berthelot était l'invité d'Eddy Golabkan, dans le journal télévisé "13h en Guadeloupe", le jeudi 30 mai dernier. Une interview complète à (re)voir ci-dessous :