Procès de la Caisse des écoles de Pointe-à-Pitre : 18 mois de prison avec sursis et une inéligibilité requis contre le député Max Mathiasin

Max Mathiasin était notamment poursuivi pour abus de biens sociaux et détournement d’un bien public, lors de l'audience du 22/10/2024.
La Caisse des écoles de Pointe-à-Pitre a été au cœur d’un véritable marathon judiciaire, ce mardi. Le tribunal correctionnel a examiné deux affaires la concernant. Des dossiers où se mêlent abus de biens sociaux et détournements de fonds publics. Poursuivi dans le premier volet, aux côtés de deux autres personnes, Max Mathiasin, l’actuel député de la troisième circonscription de la Guadeloupe, encourt 18 mois de prison avec sursis, 10.000 euros d’amende et une peine d’inéligibilité automatique

Max Mathiasin, aujourd’hui député de la troisième circonscription de la Guadeloupe, a été auparavant directeur de la Caisse des écoles de Pointe-à-Pitre, de 2003 à 2016. Et c’est à ce titre qu’il est poursuivi, ce mardi matin (22 octobre 2024), devant le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre, pour abus de biens sociaux et détournement d’un bien public.

Mais l’affaire de la Caisse des écoles de Pointe-à-Pitre ne s’arrête pas là. Un deuxième volet a été abordé dans l’après-midi, concernant un détournement de fonds par des agents.

À l’issue des débats, le tribunal a mis ses deux décisions en délibéré au 19 novembre prochain.

Un directeur "d’apparence" ?

Pour résumer, il lui est reproché d’avoir vendu deux voitures de services de la Caisse des écoles, pour la somme de 10.500 euros alors que ces dernières appartenaient en réalité à une société de crédit-bail. Il lui est également reproché d’avoir fait supporter par la caisse des écoles plus de 6 000 euros en frais de carburant et autres.

À la barre, Max Mathiasin nie en bloc, renvoie la responsabilité vers le vice-président du conseil d’administration, Bernard Leporcq, également prévenu dans ce dossier. Le député finit par reconnaître difficilement une simple confusion, pour avoir écrit le mot vendu sur la carte grise de l’un des deux véhicules concernés.
Une ligne de défense qui va quelque peu agacer les avocats de la partie civile. Max Mathiasin n’était-il le directeur de la Caisse des écoles que d’apparence, a demandé Maître Nathey ?

Puisqu’il y a sa signature sur la carte grise, avec "véhicule vendu"... ça veut dire quoi ? Ça veut dire que c’est lui qui a a été à l’origine de cette vente frauduleuse. Je ne vois pas autre chose (...).

Maître Charles Nathey, avocat de la ville de Pointe-à-Pitre, constituée partie civile

Maître Charles Nathey, avocat de la ville de Pointe-à-Pitre, constituée partie civile ©Eric Stimpfling - Guadeloupe La 1ère

L’inéligibilité requise

Le ministère public, lui, va enfoncer le clou, en rappelant les récentes déclarations publiques du député de la troisième circonscription, soucieux des problèmes budgétaires et de la vie chère mais qui, pour autant, ne paye ni sa voiture, ni son essence.
Le procureur a donc requis, à l’encontre de Max Mathiasin, 18 mois de prison avec sursis, 10.000 euros d’amende et une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire ; en clair, la peine, si elle est prononcée, serait automatique.

Il y a une infraction qui n’est pas du tout constituée, en ce qui concerne l’abus de confiance. En ce qui concerne le détournement de fonds publics, il n’y a absolument rien, y a rien, y a pas ne serait-ce que le début du commencement d’un élément de preuve, constituant un acte matériel (...).

Maître Christophe Samper, avocat de Max Mathiasin

Maître Christophe Samper, avocat de Max Mathiasin ©Eric Stimpfling - Guadeloupe La 1ère

Le ministère public a également requis, pour Bernard Leporcq et Robert Cagnac, respectivement 12 et 6 mois de prison avec sursis et 5000 euros d’amende.

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Des agents poursuivis pour détournements de fonds

L’après-midi, changement d’ambiance. Il était cette fois question de détournement de fonds par deux agents de la Caisse des écoles en charge d’encaisser le paiement des repas, soit un préjudice total près de 650.000 euros, entre 2014 et 2018.

Fabrice Bureau reconnaît s’être servi, mais seulement à hauteur de 100.000 euros. Sa collègue Anita Plocoste, elle, s’est contentée de 5.000 euros.
Le reste aurait disparu sous la forme d’un non-encaissement. Une "faveur à but électoraliste" faite aux parents. Un véritable système, selon l’un des avocats de la défense.

Les deux prévenus ont donc reconnu les faits et ont même commencé à rembourser, ou à mettre de l’argent de côté dans ce but. Une attitude prise à compte par le ministère public, qui a requis du sursis probatoire à leur encontre, 12 mois pour Fabrice Bureau et 3 mois pour Anita Plocoste.