La commémoration des évènements du 30 avril 1943, à Port-Louis a donné lieu à un triste spectacle, de la part des élus, qui n’ont pas su se mettre côte-à-côte, pour un tel évènement.
Mais intéressons-nous d’abord à ce qui s’est passé, car le devoir de mémoire prime.
Trois morts et 15 blessés, dans une révolte
Il y a 80 ans, alors que la guerre sévissait en Europe, la Guadeloupe vivait des temps contraints de crise économique et sociale, mais aussi de montée d’un sentiment d’injustice propice à la révolte au sein de la population. Sous l’administration du maréchal Pétain, alors que la France s’engage dans une collaboration avec le Reich hitlérien, les méthodes autoritaristes du gouverneur Constant Sorin étaient de plus en plus dénoncées.
A Port-Louis, des militants projetaient de se rebeller. Ces derniers ont su que des armes étaient stockées dans les locaux de la gendarmerie. Leur assaut pour s’en emparer a tourné au bain de sang.
Le 30 avril 1943, alors que plusieurs dizaines de personnes ont fait irruption à la gendarmerie, un des militaires présents a usé d’une grenade pour les repousser. Auguste Gène, qui a eu la jambe arrachée, a succombé à ses blessures, quelques minutes après.
Abel Nicoly a, lui, été tué par un policier, selon le récit fait par l’auteur port-louisien Eugène Plumasseau.
La répression a été brutale : les renforts des forces de l’ordre ont pourchassé et molesté les militants, mais pas seulement. C’est dans ce contexte qu’un certain M. Villeroy a été abattu par un gendarme, non loin de chez lui.
Une quinzaine de personnes ont été blessées.
Le récit complet de cette page d'histoire est à découvrir ce soir :
On raconte que ces évènements ont marqué le début d’une vague de soulèvements populaires, dans plusieurs communes de l’archipel, contre la puissance coloniale et ses injustices.
L’une des figures de cette lutte, le résistant Rousseau Nadir, a finalement été élu maire de Port-Louis, en 1945.
Deux de ses successeurs ont tenu, aujourd’hui, à lui rendre hommage... chacun à SA manière.
Déplorable spectacle offert par les élus
Les temps de commémoration sont normalement des moments qui rassemblent.
C’est ainsi que la majorité municipale et l’actuel maire Jean-Marie Hubert avaient appelé à une manifestation unitaire, en dehors des clivages politiques.
Mais les élus d’opposition de Port-Louis avec, en tête, l’ancien maire Victor Arthein, ne l’ont pas entendu de cette oreille. Aux côtés de l’élu du parti communiste, se tenait également l’ancien maire de Pointe-à-Pitre, Jacques Bangou.
C’est une manifestation que nous avons initiée depuis avril 1983 ; ça fait 40 ans ! Donc, la section communiste était à l’origine, pour faire connaître ce pan de notre histoire.
Victor Arthein, ancien maire communiste de Port-Louis
Lui, il était d’accord, mais sa base n’était pas d’accord...
Jean-Marie Hubert, maire de Port-Louis
Les deux clans se sont donc retrouvés au même lieu (celui du massacre) et à la même heure, pour deux cérémonies distinctes. Les invités étaient déroutés ; certains étaient invités aux deux manifestations... et, finalement, ils étaient bel et bien là, pour honorer les deux sollicitations !