Le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre a mis sa décision en délibéré au 19 décembre prochain, dans le nouveau dossier judiciaire dans lequel Bernard Pancrel est inquiété.
Le ministère public a requis 12 mois de prison avec sursis, 10.000 euros d’amende délictuelle et, au titre des peines complémentaires, une interdiction de 5 ans d’exercer dans la fonction publique et 5 ans d’inéligibilité, le tout assorti de l’exécution provisoire.
L’ancien maire de Saint-François était une nouvelle fois appelé à se présenter au palais de justice, ce mardi 10 décembre 2024. Inéligible depuis une première condamnation en juillet dernier, il est poursuivi pour "faux, usage de faux et abus de confiance". Les faits qui lui sont reprochés ont été commis du 1er octobre 2019 au 31 décembre 2020 à Saint-François, soit au cours de sa campagne électorale pour les élections municipales de 2020.
Un homme fatigué et silencieux à la barre
Bernard Pancrel a quelque peu perdu de sa superbe aujourd’hui. Visiblement fatigué, il s’appuyait lourdement sur la barre, ce matin, s’épongeant à plusieurs reprises le front et le visage à l’aide d’une petite serviette.
Face à lui, il y avait neuf parties civiles, dont la Commission nationale des comptes de campagne et de financements politiques (CNCCFP) et plusieurs prestataires de services.
En guise de réponse aux incriminations, l’ancien élu s’est contenté d’une brève déclaration préliminaire, dans laquelle il indiquait réfuter les accusations portées à son encontre. L’homme a ensuite usé de son droit au silence
Coupable de chantage ?
À défaut, les explications sont donc venues de la présidente du tribunal. Durant sa campagne électorale, lors des municipales de 2020, Bernard Pancrel avait demandé à plusieurs de ses fournisseurs de modifier, mais également de diminuer très sensiblement le montant de leurs factures. Ces mêmes factures étant ensuite envoyées à la CNCCFP.
Les fournisseurs n’avaient d’autre choix que d’accepter. D’autant que Bernard Pancrel leur avait promis, une fois élu, de régler leurs prestations jamais payées par la précédente mandature.
Cela s’appelle du chantage, a souligné le ministère public.
Les trois avocats de la défense ont tous plaidé la relaxe de leur client et confrère.
En réaction aux lourdes réquisitions, Maître Roland Ezelin se dit confiant quant à la décision prochaine du tribunal. Pour lui, son client est la victime d’une "guerre de traîtres", une pratique habituelle dans le milieu politique de son point de vue.
De l’inéligibilité requise, encore
Pour rappel, dans la première affaire, dans laquelle Bernard Pancrel est jugé pour "favoritisme, faux et complicité de faux", l’ancien élu est allé en appel. Une peine moindre a alors été requise : le procureur général demande notamment 3 ans d’inéligibilité, au lieu des 10 ans décidés en première instance. L’ancien bâtonnier sera fixé sur son sort le 14 janvier 2025.