Grève des agents de sûreté CGTG à l'aéroport "Guadeloupe - Pôle Caraïbes"

Grève des agents de sûreté de l'aéroport Guadeloupe Pôle Caraïbes
La plupart des revendications des agents de sûreté de la société ASG ne date pas d'hier. Un préavis avait déjà été déposé en février 2020 et, avec la crise sanitaire, d'autres points de crispation ont vu le jour. Les responsables de l'entreprise affirment être dans le rouge.

Très tôt, ce dimanche 06 septembre 2020, les agents de sûreté, affiliés à la CGTG, qui officient à l'aéroport "Guadeloupe - Pôle Caraïbes", ont installé leur piquet de grève, devant l'une des entrées principales du site.


Une grogne couvée de longue date

Ce mouvement social est motivé par plusieurs revendications, dont certaines avaient été portées à la connaissance de la direction de leur entreprise, Antilles Sûreté Guadeloupe (ASG), dès le mois de février 2020, via un préavis de grève.
Il était déjà question, à l'époque, des conditions de travail, de l'octroi des primes aéroportuaires aux agents intérimaires embauchés en CDI, ou encore de la revalorisation de la classification de certains membres du personnel.
 

Et la Covid-19 a envenimé la situation

Durant la crise sanitaire, au nom de la continuité territoriale, les agents grévistes affirment avoir poursuivi leurs activités aéroportuaires. Malgré le chômage partiel collectif, ils ont été amenés à se rendre sur leur lieu de travail.
 

Tout le personnel était en activité partielle, mais le personnel n'était pas soumis au chômage partiel. C'est ce que l'on appelle le chômage partiel collectif. Donc, la majorité des personnels, à l'exception de ceux qui étaient en garde d'enfant(s), ou en arrêt maladie, a travaillé, même s'il n'y avait pas beaucoup d'activité.

Ismar FOGGEA, délégué syndical CGTG et membre élu du CSE de la société ASG


Dans ce contexte, les salaires ont été amputés, à hauteur des heures non effectuées. Les salariés ont donc subi, de plein fouet, les conséquences de la situation de pandémie. Ils n'ont touché que 84% de leur rémunération habituelle ; ce qu'ils ont accepté, de prime abord.

Seulement voilà, alors que l'activité aéroportuaire est revenue à un niveau jugé correct, durant la période des grandes vacances scolaires, les salaires ont subi d'autres retenues, que les agents ne comprennent pas.
Leurs questions, à ce sujet, sont restées sans réponse, de la part de la direction de l'entreprise.
C'est la goutte d'eau qui a fait débordé le vase et poussé les agents CGTG d'ASG à mettre leur menace de grève à exécution.

Des personnels mobilisés qui réclament aussi une prime Covid, alors que la planification et l'organisation du travail ont été impactées par les conditions sanitaires. Dans le cadre de leurs fonctions, ils ont craint d'être exposés au virus, notamment au moment du transfert des croisiéristes, via l'aéroport.
 

Une entreprise et un secteur dans le rouge, selon la direction

Comme les agents de sûreté grévistes, la direction de l'entreprise ASG se dit ouverte au dialogue. C'est ainsi qu'une rencontre s'est tenue, jeudi 3 septembre 2020, avec une délégation du syndicat CGTG.

La discussion ne s'est pas amorcée. On a été invectivés, menacés. Enfin, il y a eu de l'outrance, de la part de quelqu'un extérieur à l'entreprise : le secrétaire général de la CGTG, Jean-Marie Normertin.

Jean-Luc Lubin, directeur régional de l'entreprise ASG, au sein du groupe "Pierre-Marie Joseph"


La direction réagi surtout à l'impossibilité, pour elle, de verser une prime Covid. Celle-ci est réclamée depuis avril, soit au plus fort de la crise sanitaire.

Nous ne sommes pas opposés à verser une prime Covid. On se donne le temps de voir comment évolue l'activité, jusqu'à la fin de l'année, pour savoir comment sera la tendance. Mais, dans tous les cas, au moment où l'on parle, comme au moment où la prime nous a été demandée la première fois, nous n'avons pas les moyens économiques de donner cette prime.

Jean-Luc Lubin, directeur régional de l'entreprise ASG, au sein du groupe "Pierre-Marie Joseph"


Selon le directeur régional d'ASG, le domaine de la sûreté aéroportuaire, soit une vingtaine d'entreprises au national, mène actuellement une négociation, avec l'ensemble des organisations syndicales de salariés. Tous se sont accordés, nous explique-t-il, pour dire que les moyens actuels des sociétés ne permettent pas d'envisager le versement d'une prime Covid ; d'autant plus que le domaine de la sûreté aéroportuaire n'a pas été inclus parmi ceux bénéficiant d'aides et du chômage partiel amélioré, contrairement au secteur du tourisme.

Impossible, par ailleurs, de maintenir les salaires dans leur intégralité, alors que les recettes d'ASG ont considérablement diminué. Si la société facturait à l'aéroport 12000 heures, en temps normal, cette prestation a atteint les 1600 heures au plus fort de la crise, puis près de 6000 heures, en moyenne. Le mois d'août, qui a connu un regain d'activité, représenterait 60% des chiffres de 2019, selon le direction du prestataire de "Guadeloupe - Pôle Caraïbes".

Des experts ont été sollicités, par ASG, pour faire des projections d'activité, d'ici la fin de l'année 2020, puis pour 2021. Les chiffres émanant des compagnies aériennes ne sont guère encourageants.

La direction conçoit que les salariés ne sont pas responsables de la situation. Elle dit vouloir maintenir l'emploi et l'activité.
Voilà entreprise et salariés confrontés à une même dure réalité : la baisse du chiffre d'affaire.

Une invitation sera envoyée aux grévistes, en début de semaine prochaine, pour une rencontre, autour des projections de l'entreprise ASG, pour les mois à venir.