Sur les 260.000 logements que compte la Guadeloupe, 35.000 sont dits potentiellement indignes, 11.000 sont considérés comme insalubres et 6.000 devraient être purement et simplement démolis. Ces habitats agissent sur leurs occupants à plusieurs titres : ils menacent leur santé physique, mais aussi psychologique.
D’où l’urgence, pour les autorités locales, de lutter contre l’habitat indigne, en Guadeloupe. Dans ce but, des acteurs des collectivités (Région, Département, mairies, Communautés d’agglomérations...) ont participé à un cycle de formation, la semaine dernière, sur les nouvelles évolutions réglementaires en la matière.
Cette étape a été clôturée, lundi 6 mars 2023, par un premier comité de pilotage, organisé par le Pôle départemental de lutte contre l’habitat indigne (PDLHI) ; c’était à l’auditorium du Mémorial ACTe, à Pointe-à-Pitre.
Que faire face aux occupants qui refusent de partir ?
Cette rencontre a été l’occasion, pour chaque structure, de faire part des difficultés qu’elle rencontre, par rapport à cette problématique.
Pour Jocelyn Sapotille, président de l’Association des maires de Guadeloupe (AMG), il faut plus de compréhension, de la part des habitants, qui ne priorisent pas toujours leur sécurité. Même si le dialogue est favorisé, l’utilisation de la force est, selon lui, nécessaire, dans certaines situations. Car, les Guadeloupéens étant attachés à leur bien, quelques-uns refusent de partir, même momentanément, le temps de réaliser les travaux de rigueur.
L’action du maire n’est pas toujours bien comprise. Quand on intervient auprès des familles (qui sont souvent des familles en danger) et qu’on veut accompagner et quand on dit qu’il faut sortir du logement, on leur propose autre chose, on a beaucoup de résistance (...).
Jocelyn Sapotille, président de l’AMG
C’est pourquoi il est nécessaire, pour les services, de travailler de concert, histoire de ne pas laisser le maire seul face à son administré récalcitrant, selon la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DEAL).
Le PDLHI, c’est l’association des représentants de l’Etat de lutte contre l’habitat indigne donc, à la fois, la préfecture, l’Agence régionale de santé, la DEAL, avec également les collectivités, la Région et le Département, qui interviennent notamment en tant que financeurs d’opérations de résorption de l’habitat insalubre ou d’amélioration de l’habitat. Et on a également les maires et les présidents des EPCI, par rapport à leurs responsabilités, au titre de leur pouvoir de police.
Pierre-Antoine Morand, directeur adjoint de la DEAL Guadeloupe
La nécessité de poursuivre les marchands de sommeil
La directrice du Pôle national de lutte contre l’habitat indigne (PNLHI), Chantal Mattiussi, qui a participé au comité de pilotage des acteurs guadeloupéens, prône la sévérité envers les propriétaires de biens loués qui ne répondent pas aux critères de salubrité. Au national, 150 marchands de sommeil sont condamnés chaque année, mais elle estime que le compte n’y est pas encore.
Ce chiffre doit monter en puissance. C’est insuffisant. Et il faut faire en sorte, lorsqu’il y a des situations malveillantes, d’obtenir des condamnations pénales des marchands de sommeil, de faire des procédures pour obliger les propriétaires à réaliser les travaux et, du coup, avoir des logements dignes.
Chantal Mattiussi, directrice du PNLHI
Le Pôle national compte bien accompagner les acteurs de chaque région de France, afin de venir à bout de cette problématique.
A PROPOS/
Créé au début des années 2000, le Pôle national de lutte contre l’habitat indigne (PNLHI) joue un rôle interministériel d’expertise au service des acteurs de terrains intervenant sur la lutte contre l'habitat indigne, qui recouvre toutes les situations de logements exposant leurs occupants ou des tiers à des risques pour leur santé ou leur sécurité.
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