"Bwa kale" est intraduisible en Français. Certains diront que cette expression tirée du créole haïtien signifie "érection". Mais, depuis quelques jours, il est synonyme d’un cri de colère d’un peuple opprimé et victime d’une violence sans cesse grandissante, depuis bien trop longtemps. Il est le signe de ralliement à un mouvement spontané qui n’a pas de leader. Ceux qui l’emploient sont prêts à faire face aux membres des gangs qui tuent, pillent, violent, kidnappent, violentent des innocents impunément, en particulier dans la capitale de Haïti, dont 80% sont contrôlés par des bandes armées.
C’est en phase avec ce mouvement de ras-le-bol "Bwa kale" que des habitants du quartier de Canapé Vert ont piégé et exécuté 14 malfaiteurs présumés, le 24 avril 2023 ; les corps de ces derniers ont été brulés en pleine rue, sous le regard satisfait des riverains excédés.
Cette mouvance prend de l’ampleur et ajoute de la violence à la violence, de l’horreur à l’horreur, dans ce pays dont la situation est régulièrement décrite comme "alarmante" par le reste monde, notamment par l’Organisation des nations unies (ONU). Les lynchages se multiplient, à Port-au-Prince, mais aussi en province.
Selon Radio France International (RFI), parfois, il y a des représailles, de la part des gangs. Si bien que la police, déjà dépassée par les agissements des criminels, se retrouve désormais entre deux feux.
Lundi dernier (le 1er mai 2023), dans une rare prise de parole, depuis les récents évènements, le premier ministre Ariel Henry a invité la population à privilégier la coopération avec les forces de l’ordre, l’intimant de ne pas se faire justice elle-même. L’envoyée spéciale de l’ONU en Haïti craint "un effondrement du tissu social dans le pays, avec des conséquences imprévisibles pour toute la région", rapporte RFI.