"Les femmes et les enfants ne sont pas des marchandises,ni des monnaies d'échange." s'insurge Garry Conille, directeur régional pour l'Amérique latine et les Caraïbes à l'Unicef.
L'agence onusienne déplore une forte hausse d'enlèvements en Haïti. Durant les six premiers mois de l'année 2023, près de 300 mineurs et femmes adultes ont été kidnappés. L'Unicef met en garde contre ce phénomène "extrêmement inquiétant".
Et pour cause, le nombre d'enlèvements recensés pour l'année en cours "correspond quasiment au nombre total d'enlèvements enregistrés pour l'année précédente et à près de trois fois celui de 2021", a averti le Fonds des Nations unies pour l'enfance dans un communiqué.
Dans la plupart des cas, les femmes et les enfants sont enlevés par des groupes armés et utilisés pour des avantages financiers ou tactiques. Les gangs contrôlent environ 80% de Port-au-Prince, la capitale, et les crimes violents tels que les viols, les enlèvements contre rançon, les vols à main armée et les détournements de voitures sont quotidiens.
Depuis des mois, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, et le Premier ministre haïtien, Ariel Henry, appellent à une intervention internationale pour soutenir la police locale.
Outre la situation sécuritaire, une grave crise humanitaire, économique et politique secoue ce petit pays des Caraïbes où aucune élection n'a eu lieu depuis 2016.
L'Unicef rappelle des chiffres dramatiques : "Près de 5,2 millions de personnes, soit environ la moitié de la population, a besoin d'une aide humanitaire, dont 3 millions d'enfants".
"Les systèmes de santé locaux sont au bord de l'effondrement et les écoles sont attaquées, ce qui place la population civile dans une terreur constante", souligne l'agence onusienne.
D'après les chiffres de l'Unicef publié en mai dernier, en un an, la violence des gangs en Haïti, a provoqué une augmentation de 30% de la malnutrition aiguë sévère chez les enfants. Au sein du pays, près d'un enfant sur quatre souffre désormais de malnutrition chronique et 115 600 enfants devraient souffrir en 2023 de la forme de dénutrition la plus mortelle.