Au Centre hospitalier de Fontaine implanté à la Cité du Soleil, plus grand bidonville de Port-au-Prince contrôlé par les gangs, les enfants souffrant de malnutrition affluent en nombre.
Visage émacié, côtes saillantes, abdomen gonflé, rachitisme... Ces enfants, âgés de plusieurs semaines à deux ans sont souvent sujets à des complications médicales. "Avant on avait une capacité de 20 à 25 lits, mais cette année avec le pic, on a augmenté", explique-t-il. "On en accueille une soixantaine maintenant." "Mais si on avait les moyens d'en accueillir plus, on en aurait beaucoup plus", ajoute-t-il.
Installés dans des petits lits, couvés par les regards de leur mère et des infirmières, plusieurs enfants sont placés sous perfusion. Ils resteront là plusieurs semaines avec leur mère, jusqu'à ce que leur poids soit stabilisé. Ces dernières soufrent également, dans la majorité des cas, de malnutrition.
Le centre de santé, soutenu par l'Unicef, est l'un des rares encore ouverts dans la capitale, minée ces dernières années par la terreur omniprésente des groupes armés. Selon les chiffres publiés en mai par l'Unicef, la violence des gangs a provoqué dans le pays une augmentation de 30% en un an de la malnutrition aiguë sévère chez les enfants. L'agence onusienne établie un terrible constat : désormais près d'un enfant sur quatre souffre de malnutrition chronique, et 115.600 enfants devraient souffrir en 2023 de la forme de dénutrition la plus mortelle. En cause: une exacerbation de la crise sécuritaire et politique chronique subie par le petit pays des Caraïbes, accompagnée d'une inquiétante résurgence de cas de choléra.