HAÏTI. Témoignage de jeunes haïtiens de Guadeloupe : "C’est vraiment désolant de voir son pays sombrer dans une telle violence"

La crise en Haïti vue par des lycéens de Guadeloupe ©Stagiaires du lycée "Faustin Fleret" - Guadeloupe La 1ère
Nous avons recueilli les témoignages de lycéens originaires d’Haïti scolarisés en Guadeloupe, sur ce qui se passe dans ce pays, où une crise plurielle sévit. Témoins des souffrances subies par la population locale, ils déplorent, dénoncent, analysent et, malgré tout, parlent d’espoir. Un reportage réalisé par de talentueux jeunes stagiaires, pour Guadeloupe La 1ère.

Au quotidien, des images d’apocalypse nous parviennent d’Haïti, ce pays pauvre de la Caraïbe, où les forces de l’ordre étant dépassées et les gangs imposent leur loi, particulièrement dans la capitale Port-au-Prince et sa périphérie. La population locale subit la précarité, la malnutrition, la violence (agressions, vols, viols, enlèvements contre rançon...), leurs maisons sont saccagées, brûlées. Dans ce contexte de totale insécurité, les refuges sont saturés et l’aide humanitaire peine à être acheminée jusqu’aux victimes d’une situation qui perdure depuis plusieurs mois.

Les ressortissants haïtiens voient ces images et sont accablés, notamment par leur impossibilité d’agir pour venir en aide aux leurs restés au pays.
C’est aussi le cas des jeunes originaires d’Haïti qui, malgré la distance, restent préoccupés par le sort réservé à la première République Noire de l’histoire.

Valentina est née en Guadeloupe. Sa mère est Haïtienne. Elle se dit touchée par la crise qui sévit dans ce pays. Le sentiment qui prime chez elle est la colère ; elle accuse Jimmy « Barbecue » Cherizier, ancien policier devenu un puissant chef de gang, de profiter de la situation pour s’accaparer du pouvoir.

Y a un cousin de ma mère qui a été tué, il y a des années, à cause d’un gang (...)

Valentina Rimbon, élève de Terminale d'origine haïtienne

Jouselie, elle-même née en Haïti, partage cette opinion. Bercée dans la culture haïtienne,

C’est vraiment désolant de voir son pays sombrer dans une telle violence, de savoir qu’on va peut-être recevoir un appel disant qu’un membre de notre famille est mort. Mais on essaie de tenir le coup, on essaie de rester positifs.

Jouselie Edwige, élève de Terminale d'origine haïtienne

Ces jeunes ne se contentent pas d’observer la situation. Ils tentent aussi d’en analyser les causes. Pour eux, la colossale dette imposée en 1804 par la France à Haïti, désireuse d’obtenir son indépendance, a paralysé le petit pays et a empêché son développement. Les arrivistes locaux ont fait le reste.

Il y a eu un enchaînement de dictatures, de problèmes économiques, de problèmes gouvernementaux, il y a eu beaucoup de corruption, de violence... donc Haïti a très rapidement sombré dans une sorte de décadence.

Jouselie Edwige, élève de Terminale d'origine haïtienne

Alydard n’est pas née en Haïti, mais a connu cette "Perle des Antilles". Pourquoi ce territoire ne redeviendrait-il pas ce qu’il était ?

Avant, c’était un pays accueillant (...) J’espère, je prie pour qu’il redevienne comme avant.

Alydard Fortereux, élève de Terminale d'origine haïtienne

Ainsi, malgré tout, ces jeunes gardent espoir, de retrouver un jour un pays florissant, apaisé, pour le bien d’une population qui a déjà bien trop souffert.

REPORTAGE/
Ce reportage a été réalisé par des élèves du lycée Fausin Fleret de Morne-à-l’Eau, coachés par des professionnels de Guadeloupe La 1ère, dans le cadre de la Semaine de la presse et des médias dans l’école.

Reporteurs (stagiaires) : Mathis Beaubois, Winy Phobere, Maewen Bilas, Préscilia Nepaul
Tutrice : Laura Séné
Reporteur d’images : Ludovic Gaydu
Monteur : Marius Avril
Mixeur : Justin Mirval