Vous et moi pouvons nous rendre utiles, en amont, en cas d’alerte et, à postériori, si la catastrophe naturelle survient.
Eux le font, les membres de l'association « Hackers against natural disaster ».
Eux le font, les membres de l'association « Hackers against natural disaster ».
Ils participent aux exercices, expérimentent des solutions et, les membres de l’association HAND nous apprennent que nous avons tous entre les mains, des outils qui peuvent se révéler armes de sauvetage massif... bien trop sous-utilisés...
Entretien « Alerte Guadeloupe », avec Cédric COCO-VILOIN, représentant local de l’association HAND (Hacker againts Natural Disasters), dont le siège social est à Paris.
Alerte Guadeloupe : Quelles sont les missions que HAND a choisi d’assumer ?
Cédric COCO-VILOIN : La première mission de HAND est de sensibiliser les populations et les institutions sur les éventuels problèmes de résilience d’un territoire. Dans la zone, nous agissons en Guadeloupe, à Saint-Martin, Saint-Barthélemy et en Martinique. Nous informons les habitants et leur montrons comment être résilients, notamment face aux risques naturels, à la fois au niveau de la préparation, mais aussi comment affronter ces situations et, ensuite, après la crise.
A.G. : Comment atteignez-vous la population, votre cible ?
C.C.V. : En mettant en place des concepts. Cette année 2018, on a participé, à Marie-Galante, à l’exercice « Caribe Wave »(1), chapeauté par UNESCO. Cela nous a permis de montrer à la population comment on peut répondre à une situation de catastrophe majeure, telle qu’un Tsunami : comment trouver un point eau, quelles sont les actions à mener lorsque la vague frappe la côte... Ce, par le biais d’une vidéo explicative et de clips de démonstration d’actions. Par exemple, après la submersion, avec des connections radio, il est possible d’envoyer les données vitales d’un blessé(2), en temps réel. Le test qu’on a fait, portait sur une personne en difficulté, dans une zone escarpée de Marie-Galante ; on a pu envoyer ses signes vitaux, à des infirmiers du centre de gestion de crise, en Guadeloupe. Un exercice que l’on a fait en compagnie de pompiers, pour leur montrer comment eux aussi peuvent réagir et aider la population dans ces situations là, qui ne sont pas courantes.
A.G. : « Caribe Wave » vous a permis de montrer vos possibilités, en marge du dispositif préfectoral ?
C.C.V. : On avait notre QG sur Marie-Galante, qui échangeait avec les services officiels de la préfecture... mais on n’était pas intégrés à l’équipe préfectorale. Tout de même, l’équipe municipale de Morne-à-l’Eau a joué le jeu, avec nous, pour tester nos communications, sur de longues distances.
C.C.V. : Les moyens technologiques – il y en a beaucoup – ne sont pas une finalité. Mais, ils sont à notre disposition, donc on essaie de montrer, aux politiques, instituions, populations, élèves, professeurs... que ces outils, que l’on utilise tous les jours, ont aussi la capacité de nous sauver, via des applications bien plus sérieuses que l’usage qu’on en fait d’habitude.
A.G. : Sauf qu’en cas de catastrophe, les réseaux sont souvent endommagés... Quoi faire pour que nos outils soient encore opérationnels ?
C.C.V. : Avant la catastrophes, nos outils actuels sont tous pertinents. Il FAUT les utiliser au maximum, pour envoyer des informations : des positions géographiques, des lieux de retrait, des points hauts (en cas d’alerte tsunami), etc. Ainsi, on sauve déjà énormément de personnes.
Après la catastrophe, effectivement, les réseaux classiques peuvent tomber, mais les réseaux radios persistent. Pour faire un réseau radio, c’est très très simple. A l’époque du cyclone HUGO, on a pu avoir des informations grâce à une vieille voiture, qui avait un émetteur radio(3). Donc, on n’a pas besoin d’une énorme technologie pour ça. Généralement, dans le cadre de catastrophes majeures, ce sont les radioamateurs qui sont les premiers à pouvoir fournir des infos.
A.G. : Autre bémol en Guadeloupe – et même en France – c’est l’absence de « Cell Broadcast »(4). De quoi s’agit-il ?
C.C.V. : C’est le sujet qui fâche ! (RIRES) Le « Cell Broadcast » est une technologie FRANÇAISE, qui permet de diffuser, sur tous les téléphones des opérateurs, un message à caractère informatif. Aux Etats-Unis, c’est ce qu’ils utilisent pour signaler l’enlèvement d’un enfant ou la présence d’une personne armée. Dans le cadre des risques naturels, dans nos territoires, elle pourrait servir en cas d’alerte tsunami, quand il y a urgence à se mettre en sécurité. C’est une technologie déjà disponible sur les équipements cellulaires actuels... il faudrait simplement l’activer.
A.G. : Avec l’autorisation des utilisateurs ?
C.C.V. : On n’a même pas besoin de l’autorisation des utilisateurs ! Il faut juste que ce soit sanctionné par un organisme d’Etat qui dise : « vous avez l’autorisation d’envoyer du Cell Broadcast ». Ce n’est pas compliqué. Pendant l’opération « Caribe Wave 2018 », on a prouvé que ce n’était pas compliqué. On l’a fait. Donc, ça marche.
A.G. : Vous l’avez fait à destination de qui ?
C.C.V. : A destination des témoins qui étaient là : les pompiers, les infirmiers de Marie-Galante... on leur montrait que, sur leurs téléphones portables, ils pouvaient recevoir une info urgente.
(2) A consulter le "Blog des experts", qui revient sur les expérimentations des acteurs de HAND, à Marie-Galante, dans l'article "Caribe Wave : immersion au cœur des préparatifs de l’association HAND"
(3) A lire l’article, sur Alerte Guadeloupe : « L’intérêt de remettre la radioamateur au goût du jour ».
(4) Sur le Cell Broadcast, le préfet de la Guadeloupe donne son point de vue dans son interview. A lire dans le "Blog des experts".
Entretien « Alerte Guadeloupe », avec Cédric COCO-VILOIN, représentant local de l’association HAND (Hacker againts Natural Disasters), dont le siège social est à Paris.
Extrait de cette interview réalisée par Nadine FADEL :
Cédric COCO-VILOIN : La première mission de HAND est de sensibiliser les populations et les institutions sur les éventuels problèmes de résilience d’un territoire. Dans la zone, nous agissons en Guadeloupe, à Saint-Martin, Saint-Barthélemy et en Martinique. Nous informons les habitants et leur montrons comment être résilients, notamment face aux risques naturels, à la fois au niveau de la préparation, mais aussi comment affronter ces situations et, ensuite, après la crise.
A.G. : Comment atteignez-vous la population, votre cible ?
C.C.V. : En mettant en place des concepts. Cette année 2018, on a participé, à Marie-Galante, à l’exercice « Caribe Wave »(1), chapeauté par UNESCO. Cela nous a permis de montrer à la population comment on peut répondre à une situation de catastrophe majeure, telle qu’un Tsunami : comment trouver un point eau, quelles sont les actions à mener lorsque la vague frappe la côte... Ce, par le biais d’une vidéo explicative et de clips de démonstration d’actions. Par exemple, après la submersion, avec des connections radio, il est possible d’envoyer les données vitales d’un blessé(2), en temps réel. Le test qu’on a fait, portait sur une personne en difficulté, dans une zone escarpée de Marie-Galante ; on a pu envoyer ses signes vitaux, à des infirmiers du centre de gestion de crise, en Guadeloupe. Un exercice que l’on a fait en compagnie de pompiers, pour leur montrer comment eux aussi peuvent réagir et aider la population dans ces situations là, qui ne sont pas courantes.
A.G. : « Caribe Wave » vous a permis de montrer vos possibilités, en marge du dispositif préfectoral ?
C.C.V. : On avait notre QG sur Marie-Galante, qui échangeait avec les services officiels de la préfecture... mais on n’était pas intégrés à l’équipe préfectorale. Tout de même, l’équipe municipale de Morne-à-l’Eau a joué le jeu, avec nous, pour tester nos communications, sur de longues distances.
A.G. : Vos moyens sont technologiques ?« Nos téléphones portables ont la capacité de nous sauver, via des applications bien plus sérieuses que l’usage qu’on en fait d’habitude »
C.C.V. : Les moyens technologiques – il y en a beaucoup – ne sont pas une finalité. Mais, ils sont à notre disposition, donc on essaie de montrer, aux politiques, instituions, populations, élèves, professeurs... que ces outils, que l’on utilise tous les jours, ont aussi la capacité de nous sauver, via des applications bien plus sérieuses que l’usage qu’on en fait d’habitude.
A.G. : Sauf qu’en cas de catastrophe, les réseaux sont souvent endommagés... Quoi faire pour que nos outils soient encore opérationnels ?
C.C.V. : Avant la catastrophes, nos outils actuels sont tous pertinents. Il FAUT les utiliser au maximum, pour envoyer des informations : des positions géographiques, des lieux de retrait, des points hauts (en cas d’alerte tsunami), etc. Ainsi, on sauve déjà énormément de personnes.
Après la catastrophe, effectivement, les réseaux classiques peuvent tomber, mais les réseaux radios persistent. Pour faire un réseau radio, c’est très très simple. A l’époque du cyclone HUGO, on a pu avoir des informations grâce à une vieille voiture, qui avait un émetteur radio(3). Donc, on n’a pas besoin d’une énorme technologie pour ça. Généralement, dans le cadre de catastrophes majeures, ce sont les radioamateurs qui sont les premiers à pouvoir fournir des infos.
A.G. : Autre bémol en Guadeloupe – et même en France – c’est l’absence de « Cell Broadcast »(4). De quoi s’agit-il ?
C.C.V. : C’est le sujet qui fâche ! (RIRES) Le « Cell Broadcast » est une technologie FRANÇAISE, qui permet de diffuser, sur tous les téléphones des opérateurs, un message à caractère informatif. Aux Etats-Unis, c’est ce qu’ils utilisent pour signaler l’enlèvement d’un enfant ou la présence d’une personne armée. Dans le cadre des risques naturels, dans nos territoires, elle pourrait servir en cas d’alerte tsunami, quand il y a urgence à se mettre en sécurité. C’est une technologie déjà disponible sur les équipements cellulaires actuels... il faudrait simplement l’activer.
A.G. : Avec l’autorisation des utilisateurs ?
C.C.V. : On n’a même pas besoin de l’autorisation des utilisateurs ! Il faut juste que ce soit sanctionné par un organisme d’Etat qui dise : « vous avez l’autorisation d’envoyer du Cell Broadcast ». Ce n’est pas compliqué. Pendant l’opération « Caribe Wave 2018 », on a prouvé que ce n’était pas compliqué. On l’a fait. Donc, ça marche.
A.G. : Vous l’avez fait à destination de qui ?
C.C.V. : A destination des témoins qui étaient là : les pompiers, les infirmiers de Marie-Galante... on leur montrait que, sur leurs téléphones portables, ils pouvaient recevoir une info urgente.
POUR ALLER PLUS LOIN /
(1) « Caribe Wave » est un exercice international de sécurité civile, une simulation de tsunami, grandeur nature, coordonné par la préfecture, en Guadeloupe. Il est organisé annuellement, depuis 2009, par le Groupe intergouvernemental de coordination du système d'alerte au tsunami et aux risques côtiers de la zone caribéenne.(2) A consulter le "Blog des experts", qui revient sur les expérimentations des acteurs de HAND, à Marie-Galante, dans l'article "Caribe Wave : immersion au cœur des préparatifs de l’association HAND"
(3) A lire l’article, sur Alerte Guadeloupe : « L’intérêt de remettre la radioamateur au goût du jour ».
(4) Sur le Cell Broadcast, le préfet de la Guadeloupe donne son point de vue dans son interview. A lire dans le "Blog des experts".