Hausse de la délinquance en Guadeloupe : l’analyse d’une criminologue

Les forces de l'ordre multiplient les opérations, dans le but de dénicher des armes et/ou de la drogue.
De quoi avoir froid dans le dos : la violence interpersonnelle gagne du terrain dans l’archipel guadeloupéen. La criminologue Gaëlle Compper pointe du doigt, en particulier, les tentatives de développement du trafic de drogue, localement, jumelé à la circulation accrue des armes létales. Un combo explosif, qui fait des blessés et des morts bien trop souvent dans le territoire.

La délinquance est structurellement plus importante depuis une décennie, en Guadeloupe ; l’analyse de la criminologue Gaëlle Compper, sur la multiplication des faits de violence avec armes, ces derniers jours, est sans appel.

Malgré les nombreuses actions des autorités, pour endiguer la progression des trafics d’armes ou de drogues, les derniers jours ont été particulièrement sanglants, avec pas moins de sept agressions commises par armes à feu.

Les cas de violences intrafamiliales, d’agressions parfois mortelles sur la voie publique, ou encore les faits divers liés aux trafics de drogues sont en constante augmentation. Les semaines sont rares où aucune fusillade, nul règlement de compte, ni agression ne fait la Une de l’actualité. La recrudescence de l’insécurité n’est plus qu’une impression, dans l’archipel.

Il convient de noter que, dans notre département, c’est la délinquance envers les personnes qui est structurellement plus importante, depuis environ une décennie. Donc cette structure de la criminalité locale n’est pas nouvelle. Elle s’articule autour de deux grands types de violences interpersonnelles : les violences intrafamiliales et les violences volontaires dans l’espace public. L’un des facteurs qui peut être mentionné pour expliquer violence interpersonnelle est, d’abord, la tentative d’organisation et de structuration du trafic de drogue local.

Gaëlle Compper, docteur en droit, consultante en politiques publiques et criminologue

Cette criminalité organisée s’accompagne d’une compétition accrue entre les bandes criminelles, pour la conquête, la maîtrise et le contrôle de zones d’influence, explique l’experte. Cette compétition est aussi assortie d’une rivalité entre les délinquants eux-mêmes, selon la criminologue.

Ce facteur de compétition criminelle est renforcé par la circulation des armes à feu, qui sont en quelque sorte les accessoires de ces activités criminelles. De ce fait, dans cette compétition entre délinquant, le passage à l’acte violent est facilité, par le recours aux armes létales. Il y a donc une corrélation entre le développement du trafic de drogue sur la zone et la circulation des armes à feu.

Gaëlle Compper, docteur en droit, consultante en politiques publiques et criminologue

Un scénario qui rappelle celui de séries télévisées qui ont pour théâtre les grandes métropoles gangrenées par la violence, orchestrée par une jeunesse désœuvrée et à la recherche d’argent facile. Sauf que c’est en Guadeloupe, dans la réalité, que cette plaie ouverte s’étend.