Incendie au CHUG : c'était il y a trois ans

Bilan en demi-teinte, 3 ans après le sinistre du CHUG, qui a bouleversé l'offre de soins en Guadeloupe. D'un côté, la direction de l'hôpital salut l'engagement de tous, de l'autre, l'UTS-UGTG dénonce le non-respect des droits des patients et des soignants. L'assurance, elle, n'a toujours rien versé.

C'était il y a trois ans

Le mardi 28 novembre 2017, entre 14h00 et 15h00, un incendie se déclarait, dans un local technique du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre/Les Abymes.

Les Guadeloupéens présents, mais aussi tous ceux qui avaient les yeux rivés sur leurs écrans ce jour-là, ont en mémoire les images de l'épaisse fumée qui se dégageait de l'emblématique établissement, des lances à incendie qui déversaient des milliers de mètres cubes d'eau, mais aussi des soignants qui, avec professionnalisme et calme, malgré le stress de la situation, évacuaient les malades, avec toutes les difficultés que cela comporte.

Les équipes ont ainsi dû procéder à l'évacuation de tous les patients, en premier lieu ceux des services de réanimation, la gynécologie et la maternité, plus exposés que les autres au risque de feu, du fait de leur proximité du foyer.

Près de cent pompiers avaient été mobilisés sur cette intervention d'ampleur. Les soldats du feu ne sont venus à bout de l'incendie que le lendemain, vers une heure du matin.
Le sinistre n'a pas fait de victime, dans le rang des personnes hospitalisées. Seul un agent a été retrouvé, en état de détresse respiratoire ; l'homme, qui avait inhalé beaucoup de fumée, a été gravement intoxiqué.

Cet épisode aura laissé des traces, notamment sur l'organisation de l'offre de soin, en Guadeloupe. 
 

Origine du sinistre inconnue

Quant aux causes de l'incendie, elles restent inconnues, à ce jour.
Une enquête, avait été ouverte par le procureur de la République en juin 2018. L'expertise judiciaire privilégie "la cause accidentelle sans exclure la piste criminelle" ; la présence d'un mégot de cigarette est pointée du doigt.
En revanche, une seconde expertise avait jeté le doute ; celle de l'assureur de l'hôpital, qui met en cause une défaillance technique et incrimine "le système de climatisation du local" où a pris l'incendie. 
En l'absence de conclusions définitives, l'assurance n'a rien versé des 40 millions d'euros attendus, suite à l'incendie du 28 novembre 2017.
              

Le bilan de l'UTS-UGTG

Trois ans après cet incendie au CHU de la Guadeloupe, l’Union des travailleurs de la santé, section syndicale de l'Union générale des travailleurs de la Guadeloupe (UTS-UGTG) dresse son bilan.
Gaby Clavier affirme qu'encore aujourd'hui, les conditions de travail sont synonymes de "bricolage". Le secrétaire de section UTS-UGTG estime que beaucoup de promesses n’ont pas été tenues. Et la Covid-19 est venue, entre-temps, compliquer les choses.
Ainsi, le syndicat continue d’exiger le respect du droit des malades et du droit fondamental des personnels de soins, pour exercer correctement leurs missions de santé.
En attendant, même épuisé et, parfois, au détriment de sa propre santé, l’ensemble des agents hospitaliers est sur le pont, "dans un bâtiment malsain, sans ascenseur, sans climatisation, sans traitement d'air, sans sécurité électrique" ; tel est le tableau peint par Gaby Clavier. Le secrétaire de section UTS-UGTG répond à Marie-Lyne Plaisir et Ludovic Gaydu :
 

La Direction plus optimiste

Le Dr Patrick Portecop, chef du Pôle urgences et soins critiques du CHU de Pointe-à-Pitre/Les Abymes, a fait partie de la commission en charge de la réorganisation de l'offre de soin, durant la période post-incendie. Il se dit conscient des efforts déployés par les personnels, au plus fort de la crise et encore aujourd'hui. Un engagement de tous, dont celui des centres de santé privés, qu'il salue. 
Même si cela a pris du temps, les avancées sont réelles, selon le médecin.
Le Dr Patrick Portecop répond lui aussi à Marie-Lyne Plaisir et Ludovic Gaydu :