Incendie de la rue Peynier : quand une vie s'envole en fumée...

30 rue Peynier à Pointe-à-Pître, une habitation qui a perdu ses âmes
Au nombre des victimes de l'incendie de la rue Peynier figure celui de l'ancien président de la ligue guadeloupéenne de football, Guy Roch. Co-propriétaire de l'un des immeubles de la rue, il était absent lors de l'incendie et y a donc tout perdu. A l'heure de l'évaluation des dégâts, comme toutes les autres victimes qui avaient un passé écrits dans les murs de cette rue, il ne réalise toujours pas ce qui lui est arrivé le 5 mai dernier.

Ce mercredi matin, l'experte désignée par l'une des compagnies d'assurances des victimes est sur le terrain. Elle est venue à la rencontre de deux des victimes de l'incendie, Guy Roch et Fred Gall. Les deux hommes étaient co-propriétaires de l'un des immeubles sinistrés de la rue. L'un y vivait, l'autre y avait son cabinet dentaire. 
Au moment de l'incendie, Fred Gall se trouvait non loin de là. Rapidement, il est arrivé sur les lieux, tout juste pour voir s'écrouler le premier étage enflammé de l'immeuble.L'homme a le coeur gros. Réticent à l'utilisation de l'informatique ou au téléphone portable, il conservait tous ses documents, ses diplômes, ses faits d'armes, ses photos aussi. Désormais, il ne lui reste plus rien, rien, sinon des souvenirs qui lui étreignent la gorge. Il n'a même pas envie d'en parler. 

Guy Roch devant sa maison

Pas plus de mots de la part de Guy Roch. Lui, il était à Capesterre au moment du sinistre. Alors quand il est revenu à la rue Peynier, c'était pour constater qu'il n'avait plus de maison et que ses souvenirs étaient désormais son seul bien.

ça fait un peu mal au coeur de voir que on aura que des ruines historiques dans cette rue puisque, entre la maison de Forrier qui a été brûlée depuis 2019 et la catastrophe d'aujourd'hui, je ne sais pas si on se remet de ses souvenirs... Alors la meilleure façon c'est de ne pas s'en souvenir...

Guy Roch, co-propriétaire du 30, rue Peynier à Pointe-à-Pître

Présentes à leurs côtés, une experte dépêchée sur place par leur assureur. Il s'agit pour elle de tout comprendre sur ce qu'était cette maison, sur ses dispositions, sur le partage des lieux entre les co-propriétaires, sur l'usage qu'il faisait de tous les espaces de l'immeuble.

Une rencontre avec l'experte pour évaluer l'avenir

Il lui faut évaluer ce qu'ils ont perdu, les accompagner dans la réflexion qu'ils vont devoir mener pour savoir ce qu'ils ferontde ces ruines : tout détruire, reconstruire, vendre, y vivre... Comme pour toutes les victimes de ce sinistre, toutes les options vont devoir être analysées afin de décider de la suite que chacun voudra lui donner.

Une fois que le dossier est confié à un cabinet d'expertise l'expert prend le relai avec le sinistré et on constituera un dossier de façon à pouvoir aller vers une indemnisation au niveau du contrat. Si les sinistrés n'ont pas d'assureurs, forcément ça devient un petit peu plus compliqué. Pour autant, il fautvoir les responsabilités avec les enquêtes qui sont en cours pour voir si un responsable est désigné et si une action peut être menée au niveau du tribunal.

Stéphanie Caruel, Experte

Pour l'heure, Guy Roch préfère ne pas imaginer l'avenir. Il le faudra bien mais il veut prendre son temps. 
Le temps, Fred Gall ne sait plus comment le compter. A 78 ans, il prévoyait de prendre sa retraite dans deux ans. Il imaginait qu'il l'aurait fait au milieu de tous ses souvenirs. Mais l'incendie du 5 mai 2024 a changé le cours du temps. Il l'a même arrêté.

Le vide entre les murs et les structures calcinées