La Journée internationale des Migrants est célébrée chaque 18 décembre.
L'Agence des Nations Unies pour les migrations définit un Migrant comme "toute personne qui se déplace, ou a traversé une frontière internationale, ou à l'intérieur d'un État, loin de son lieu de résidence habituel, quel que soit le statut juridique de la personne, si le mouvement est volontaire ou involontaire, quelles que soient les causes du mouvement, ou la durée du séjour".
Il y a 40 ans (en 1984), s’ouvraient les premiers centres de rétention administrative en France ; les étrangers objets d’une décision d’éloignement ou dans l’attente de leur renvoi forcé y sont gardés, enfermés.
Le 24 novembre dernier, l’antenne guadeloupéenne de la Cimade avait ironiquement organisé des "Charters Awards", avec des prix récompensant les préfectures les plus "zélées" en matière d’expulsions. L’association qui défend les droits des Migrants a alors dénoncé l’expulsion systématique des personnes concernées, vers leur pays d’origine. Les militants ont aussi pointé du doigt les pratiques, jugées illégales ou abusives, de la part de la Préfecture de Guadeloupe, en matière d'enfermement.
Des expulsions sans contrôle des juges
En l’espace d’une année, 50 personnes ont été expulsées de la Guadeloupe vers Haïti, pays où la plus grande insécurité règne, en proie à une crise politique et humanitaire depuis plusieurs années.
La Cimade a pourtant saisi, à chaque fois, en urgence, la Cour européenne des Droits de l’Homme, pour obtenir la suspension de ces décisions préfectorales. Les risques encourus par les civils en Haïti étaient l’argument principal avancé... en vain.
En 2023, 352 personnes ont été enfermées au centre de rétention administrative des Abymes. 38% étaient d’origine haïtienne, 34% venaient de la Dominique et 9% de la République dominicaine.
Dans 96% des cas, les personnes interpellées ont fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). La moitié a effectivement été éloignée, soit 183 Migrants.
Pour la Cimade, ces chiffres montrent les effets du régime dérogatoire Outre-mer ; celui-ci permet des expulsions rapides, souvent sans contrôle des juges. Pour preuve, des femmes, des maris, des pères, des fils rapportent souvent ne pas voir leurs proches rentrer après le travail et sont stupéfaits d’apprendre que celui-ci est déjà arrivé dans leur pays.
Des conditions de rétention indignes
Concernant les conditions de rétention, la Cimade dénonce, depuis plusieurs années, le fait qu’il n’y a aucune intimité pour les femmes dans les locaux, ni lors des visites de proches, l’absence de climatisation dans les chambres, la non-garantie du secret médical. Par ailleurs, l’association note que la présence d’un médecin, trois fois par semaine, n’est que théorique.
On comprend mieux pourquoi le thème retenu de la Journée internationale des Migrants est, cette année, l'importance de garantir l'accès aux soins de santé aux émigrés, à chaque étape de leur parcours migratoire.