Journée mondiale du refus de la misère : la pauvreté revêt un nouveau visage en Guadeloupe

C’est aujourd’hui la journée mondiale du refus de la misère. Et avec la crise sanitaire liée à la Covid-19, elle a gagné du terrain, en Guadeloupe, notamment.

Ce dimanche a lieu la Journée mondiale du refus de la misère, organisée par 70 organisations rassemblées au sein du Collectif Refuser la Misère.
Cette journée entend donner la parole aux personnes directement concernées par la pauvreté sur les conditions indignes qu’elles vivent, leurs résistances quotidiennes et leurs aspirations.

Un nouveau public pour le Secours catholique

Au-delà des privations matérielles, vivre la pauvreté, c’est vivre sans avoir de contrôle sur sa propre vie.

La crise sanitaire a sensiblement aggravé la situation sociale de la Guadeloupe. Le nombre de bénéficiaires du RSA (Revenu de Solidarité Active) a par exemple fortement augmenté en 2020. Le Conseil Départemental a enregistré plus d’un millier de nouveaux bénéficiaires par mois l’an dernier.

Et ces allocataires ne s’en sortent plus, même avec une prestation sociale. Ils sollicitent désormais l’aide d’associations caritatives. Tout comme les travailleurs à bas revenus. C'est ce qu'a constaté Marcette Louis-Joseph, déléguée départementale du Secours Catholique de Guadeloupe. Ils constituent, selon elle, le nouveau visage de la pauvreté. 

Marcette Louis-Joseph, déléguée départementale du Secours Catholique de Guadeloupe

Selon le mouvement de lutte contre la misère ATD-Quart Monde, les personnes en situation de pauvreté sont sans cesse jugées et humiliées par une partie de la société. Cette stigmatisation mène à l’incapacité de reconnaître ce qu’elles peuvent apporter à la société. Pourtant, leur expérience de la pauvreté leur a fait acquérir de nombreuses capacités, ne serait-ce qu’apprendre à se débrouiller, à résister, à s’adapter.

Cette nouvelle approche de la pauvreté, cette libération de la parole est un phénomène nouveau.

Marcette Louis-Joseph, déléguée départementale du Secours Catholique de Guadeloupe

 

"La grande pauvreté" s'étend en Guadeloupe

En mai 2021, l'Insee publiait une étude sur la "grande pauvreté". Des données récoltées en 2018, bien avant la crise sanitaire, démontraient déjà que la Guadeloupe faisait partie des territoires où la proportion de personnes en grande pauvreté était la plus forte.

Selon cette étude, une grande majorité des personnes en grande pauvreté ne vit pas dans la rue. Elles ont un logement ordinaire. Et leur situation est durable. Seuls 13% d’entre elles ne sont plus en situation de pauvreté au bout de 3 ans.

Concernant nos régions, 14% des personnes en grande pauvreté en logement ordinaire vivent en Martinique, Guadeloupe, Guyane et à la Réunion. Les enfants et adolescents sont surreprésentés dans la grande pauvreté. 35% alors que les moins de 18 ans représentent 20% de la population totale.

Les personnes en situation de grande pauvreté déclarent :

  • ne pas pouvoir se payer un repas avec de la viande au moins tous les 2 jours à 55%,
  • avoir des impayés d’eau, d’électricité, de gaz, de loyer à 61%,
  • ne pas pouvoir se payer de vêtements neufs à 81%
  • 20% des adultes en grande pauvreté se déclarent en mauvaise santé.

Les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Et avoir un emploi ne protège de la grande pauvreté. Près d’un tiers des adultes en situation de grande pauvreté ont occupé un emploi dans l’année.