L'ancien Premier ministre jamaïcain pointe les responsabilités historiques dans la situation actuelle en Haïti

Ancien Premier ministre de la Jamaïque, Percival James Patterson, 2010
Percival James Patterson estime que la tragédie haïtienne révèle l'hypocrisie de ceux qui vantent les valeurs démocratiques et qui les étouffent pourtant en fonction de leurs intérêts strictement personnels. Dans un discours lors d’une conférence sur l'état du monde noir, à Baltimore, aux États-Unis, l’ex chef du gouvernement de la Jamaïque a déclaré que l'expérience haïtienne était un paradoxe tragique que personne ne peut et ne doit ignorer.

PJ Patterson interpelle et interroge : Comment en est-on arrivé là ? Comment la première nation noire des Amériques à avoir conquis son indépendance et aboli l'esclavage sur son territoire, peut-elle aujourd'hui être la plus pauvre du continent ? 

Pour l'ancien Premier ministre, en plus d'avoir payé de leurs vies leur droit à la liberté, les Haïtiens ont vu la France, avec le soutien des Etats-Unis et de leurs partenaires européens, extorquer pendant de nombreuses décennies des milliards au Trésor haïtien. 

Devant les plus de 300 délégués venus de l'Afrique, l'Europe, la Caraïbe, du Canada et des Etats-Unis, il a insisté sur l'exploitation néo-coloniale, les interventions étrangères répétées et le renversement des régimes démocratiques qui s'en suivirent. 

La tragédie haïtienne devenue, jour après jour, la plus aïgue et la plus longue qu'ait connu un Etat membre de la CARICOM (Communauté caribéenne) révèle l'hypocrisie de ceux qui vantent les valeurs démocratiques et qui les étouffent en fonction de leurs seuls intérêts, a lâché PJ Patterson.

Pour lui, la démocratie restera "un projet inachevé et le développement une aspiration insaisissable dans l'hémisphère, tant que la violence et le chaos resteront omni-présents en Haïti".